"Manif pour tous" : six gardes à vue

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Sophie Amsili avec Ariane Lavrilleux et Jean-Sébastien Soldaïni et AFP , modifié à
98 personnes ont été interpellées dimanche après les incidents en marge de la manifestation.

Les faits. Des gaz lacrymogènes ont été tirés par des gendarmes mobiles à plusieurs reprises pour "maintenir les manifestants" contre le mariage homosexuel qui voulaient accéder aux Champs-Elysées. Ceux-ci étaient interdits à la manifestation qui a réuni 300.000 personnes selon la police et 1,4 million selon les organisateurs.

Résultat : six gardes à vue et 98 interpellations. Manuel Valls a mis en cause des militants d'extrême droite qui ont lancé des boulons sur les forces de l'ordre, dont le comportement a été "maîtrisé et professionnel", a-t-il assuré. Le ministre de l'Intérieur a ajouté qu'une trentaine de policiers et de gendarmes mobiles ont été "légèrement blessés". 

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Au micro d'Europe 1, des manifestants admettent avoir forcé le barrage des forces de l'ordre. "Rien à foutre des consignes de la préfecture ! On veut manifester massivement à l'Etoile et aux Champs-Elysées", s'exclame un manifestant d'une cinquantaine d'années qui a souhaité rester anonyme. "On poussait pacifiquement, tranquillement et on s'est fait gazés", raconte de son côté André. "On était avec des enfants. Moi je suis passé et on a commencé à me taper dessus. Certains se sont fait tabasser mais moi, vu mon âge, on n'a pas trop osé."

Mais certains manifestants, gazés aussi, affirment qu'ils ne cherchaient pas à pénétrer dans le périmètre interdit. "J'étais avenue Foch, en première ligne, et puis des gens ont commencé à pousser. Forcément, dans la mêlée, on a poussé aussi", témoigne Marie-Liesse, une manifestante aux yeux rougis. "On s'est pris plein de gaz dans les yeux, sur le visage. Même des enfants de 10 ans étaient gazés et avaient les yeux qui pleuraient, c'était affreux. C'était vraiment dirigé sur nous, alors qu'on n'était pas tous en train de pousser."

Le malaise de Boutin. Christine Boutin fait d'ailleurs partie des manifestants gazés. France TV Info a mis en ligne des photos de la présidente du Parti chrétien démocrate, au sol, après avoir été victime d'un malaise à cause des gaz. Elle a demandé la démission du préfet de police et de Manuel Valls.

"Indignation". Présent lui aussi à la manifestation, le président de l'UMP Jean-François Copé a demandé "des comptes à François Hollande". "Je veux dire mon indignation en apprenant qu'on avait utilisé, semble-t-il, des gaz lacrymogènes contre des familles qui étaient présentes avec leurs enfants et qu'un certain nombre avaient été gazées", a-t-il déclaré. "Je les ai vues. Je les ai croisées dans le cortège et je demande à François Hollande de rendre des comptes aux Français sur les agissements qui ont été commis."

Eric Ciotti, député et président UMP du Conseil Général des Alpes-Maritimes a contesté lundi sur Europe 1 "tout débordement" dans la manifestation de dimanche contre le mariage gay. "Il y a eu une très mauvaise gestion de cette manifestation par le gouvernement. Une gestion qui relève de la provocation", a martelé le secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité. "Aujourd'hui, je le dis très clairement, la question du maintien à son poste du préfet de police de Paris doit se poser", a estimé le député UMP, en appelant au ministre de l'Intérieur Manuel Valls. 

D'autres manifestants ont exprimé leur indignation. L'abbé Grosjean, prêtre du Diocèse de Versailles et très actif sur les réseaux sociaux, a ainsi tweeté que "rien ne justifi[ait]" l'usage des gaz lacrymogènes.

Les organisateurs "débordés". Du côté du gouvernement, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a salué le travail de la préfecture de police de Paris et met en cause les organisateurs de la manifestation qui étaient "débordés." Le ministre met en cause "des groupes d'extrême-droite" qui ont "appelé à descendre les Champs Elysées pour aller vers le palais de l'Elysée", se comportant "de manière factieuse."

"Il y avait ceux qui poussaient, qui entraînaient, qui recherchaient l'incident. Je ne peux pas vous garantir qu'il n'y avait pas des familles et des enfants au moment où ceux-là poussaient fort", a poursuivi Manuel Valls. Mais "Il n'y a eu aucune violence", a répété le ministre. "Les forces de l'ordre ont fait usage d'aérosols uniquement pour empêcher le passage vers les Champs-Elysées où des mouvements de foule auraient pu être dangereux."