Luc Tangorre mis en examen pour agression sexuelle sur une enfant

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avec AFP , modifié à
REBONDISSEMENT - Luc Tangorre a déjà été condamné pour viols en 1983, puis à nouveau condamné pour des faits similaires en 1992.

L'affaire est vieille de 30 ans. Luc Tangorre, condamné à deux reprises, en 1983 et 1992, pour des viols, a été mis en examen mardi. Il est une nouvelle fois suspectée d'agression sexuelle sur une enfant de 12 ans dans le Gard, a-t-on appris de source judiciaire. Âgé d'une cinquantaine d'années, celui qui fut partiellement gracié par François Mitterrand après sa première condamnation, a été mis en examen pour "agression sexuelle sur mineur de 15 ans" et laissé libre sous contrôle judiciaire

D'autres affaires ? Luc Tangorre, qui nie les faits qui lui sont reprochés, était en garde à vue depuis dimanche. Il est soupçonné d'avoir fait subir des attouchements à une fillette de 12 ans, une agression qui se serait produite dimanche vers 16h30 sur une aire de jeux de la station balnéaire du Grau-du-Roi, dans le Gard. Le parquet a demandé une expertise psychiatrique, a-t-on précisé. La justice vérifie également si le quinquagénaire a été mis en cause récemment dans des affaires de même nature.

Emballement médiatique lors de son premier procès. En 1983, le premier procès de Luc Tangorre avait suscité un vif intérêt médiatique. L'accusé, alors étudiant en sport, avait toujours nié les faits qui lui étaient reprochés, criant à l'erreur judiciaire après sa condamnation à 15 ans de prison pour quatre viols, une tentative et six attentats à la pudeur commis dans les quartiers sud de Marseille entre 1979 et 1981.

Une partie de la presse et un comité de soutien - qui recueille 4.000 signatures - avaient pris la défense du "Coupable à tout prix", comme le désigne dans un livre sur l'affaire Gisèle Tichané, chercheur au CNRS. L'historien Pierre Vidal-Naquet, dont le frère, avocat, défend Tangorre, publie même dans Le Monde une tribune intitulée "Le viol est un crime, l'erreur judiciaire aussi", signée par de nombreuses personnalités. L'historien s'en excusera plus tard. Luc Tangorre avait obtenu finalement une grâce présidentielle partielle de François Mitterrand et était sorti de prison le 15 février 1988.

Proces de Luc Tangorre au tribunal d'assises de Nimes en 1992

Gracié, puis une nouvelle fois mis en cause. Mais il était de nouveau interpellé quelques mois plus tard, le 24 octobre, accusé du viol de deux étudiantes américaines, commis à Rodhilan, dans le Gard, le 23 mai précédent - trois mois à peine après sa sortie de prison. Les deux jeunes filles, âgées de 20 et 21 ans, qui se rendaient de Marseille à Paris, avaient été violées en rase campagne par un jeune homme qui les avaient prises en auto-stop. Elles avaient eu le temps de voir dans la malle de la Renault verte du violeur, un livre dont la couverture portait la mention "coupable" et la photo d'un homme moustachu, une jaquette identique à l'ouvrage "Coupable à tout prix" qui relatait la première affaire Tangorre.

"Pas deux fois, pas deux fois!". Au cours de ce second procès, en 1992, Luc Tangorre avait adopté la même stratégie de défense, et malgré des témoignages accablants, nié les faits "sur la tête de ses parents, sur la tombe de sa grand-mère". A l'énoncé du verdict - 18 ans de réclusion criminelle -, Luc Tangorre avait craqué : "Pas deux fois, pas deux fois!", s'était-il écrié, avant d'être victime d'une crise de nerfs. En 1995, la Commission de révision des condamnations pénales avait rejeté la requête de Luc Tangorre, qui réclamait la révision de ce second procès. Il avait retrouvé la liberté en septembre 2000.