Lettre de Sarkozy : les magistrats s'indignent

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RÉACTION - Des syndicats de magistrats n'ont pas apprécié que leur profession soit mise en cause par l'ex-président.

Il assure qu'il "garde confiance dans l'institution judiciaire", mais n'en tacle pas moins longuement les juges en charge des dossiers dans lesquels son nom apparaît. Nicolas Sarkozy est sorti de son silence médiatique jeudi soir dans les colonnes du Figaro, déchaînant nombre de réactions, parmi les magistrats et les policiers notamment. 

"Proprement intolérable"."Nommément mis en cause, le Syndicat de la magistrature (SM) a réagi par voie de communiqué pour dénoncer "la violence inédite avec laquelle un ancien chef d'Etat s'attaque aux institutions de la République". "Que celui qui a été le gardien constitutionnel de l'indépendance de la justice agite le spectre d'une justice partiale et laisse croire aux citoyens que la justice use de méthodes comparables à celle d'une police politique est proprement intolérable",  écrit le SM. "La défense est un droit sacré, les institutions sont là pour le préserver. L'ancien président de la République est un justiciable comme les autres et il bénéficie de toutes les garanties procédurales de notre Etat de droit. En se plaçant - pour détourner l'attention du fond de l'affaire - sur le terrain de l'invective, l'ancien président de la République met en péril nos institutions démocratiques."

L'USM prend acte, mais... De son côté, l'Union syndicale des magistrats dit "prendre acte de la tribune". Dans un communiqué, l'USM "rappelle que la Justice ne se rend pas dans les médias et que la contestation d'une décision passe par l'exercice normal  des voies de recours" et "réaffirme avec force que nul n'est au dessus des lois". Le syndicat "se refuse à répondre à cette tribune, considérant que toute polémique ne pourrait qu'accréditer dans l'opinion publique l'idée d'un prétendu complot des juges". Enfin, l'USM "exhorte chacun à laisser la Justice poursuivre les enquêtes en cours dans la sérénité, hors de toute pression, tentative de déstabilisation ou instrumentalisation".

La présidente du TGI de Paris s'exprime. La présidente du tribunal de grande instance de Paris, Chantal Arens, est elle aussi sortie de son silence. Elle a rappelé dans un communiqué l'indépendance des magistrats, souhaitant qu'ils "puissent exercer leurs fonctions en toute sérénité". Chantal Arens écrit par ailleurs "que les juges d'instruction, statutairement indépendants, instruisent à charge et à décharge et que leurs décisions sont soumises au contrôle des juridictions supérieures".

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