Les "suggestions" de Google au tribunal

Google a déjà été condamné à cause de sa fonctionnalité "Google Suggest".
Google a déjà été condamné à cause de sa fonctionnalité "Google Suggest". © REUTERS
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avec AFP , modifié à
La société est pour l'apparition automatique du mot "juif" lors de certaines requêtes.

La fonctionnalité "Google Suggest" n’est pas du goût de tout le monde. Plusieurs associations ont assigné Google en référé pour protester contre ce système mis en place en 2008 en France. Leur grief : la suggestion automatique du célèbre moteur de recherche, qui associe de façon automatique le mot "juif" au nom de personnalités. Une audience, prévue mercredi matin, a finalement été renvoyée au 23 mai. Europe1.fr fait le point sur cette affaire.

Qu’est-ce qui est reproché à Google ? Avec son système, Google a abouti à "la création de ce qui est probablement le plus grand fichier juif de l’histoire", estime Me Patrick Klugman, l’avocat de SOS Racisme, qui fait partie des plaignants, aux côtés de l’Union des étudiants juifs de France, du Mrap et de J’accuse-action internationale pour la justice (AIPJ). En clair, quand une recherche est faite sur le nom d’une personnalité, le mot "juif" est parfois accolé à cette requête de façon "non sollicitée et quasi systématique", affirment ces organisations.

"Se trouve ainsi diffusé et amplifié, de la manière la plus visuellement immédiate, le sentiment de l’omniprésence des juifs aux commandes de la France", estiment les associations, jugeant que Google enfreint la loi interdisant les fichiers ethniques.

Comment ça marche ? Google affirme de son côté que les résultats de son moteur de recherche sont "générés de manière totalement algorithmique", sur la base de "critères purement objectifs correspondant notamment aux requêtes préalablement saisies par les internautes". Le géant d’Internet assure qu’il ne s’agit "aucunement d’un choix éditorial" de sa part.

Que veulent les associations ? Elles demandent au tribunal d’interdire à Google de conserver, sans consentement, "des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques". Les organisations réclament aussi que Google ne puisse pas "associer le mot ‘juif’ aux patronymes" des personnes dont le nom est recherché par les internautes.

Y a-t-il eu des précédents ? En 2010, un Français avait porté plainte car son nom était systématiquement associé aux mots "sataniste", "violeur" et "condamné". La justice avait donné raison au plaignant et condamné Google à supprimer ces suggestions automatiques. La société avait aussi dû verser un euro de dommages et intérêts, ainsi que 5.000 euros pour les frais de procédure.

Et fin 2011, c’est la société Lyonnaise de Garantie qui a obtenu gain de cause face à Google, qui accolait son nom au mot "escroc". Une association considérée comme une "injure publique" par la justice, qui a condamné Google à verser 50.000 euros de dommages et intérêts.