Les résidences privées pour seniors, "un système mafieux"

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Mickaël Frison et , modifié à
TÉMOIGNAGE - L’octogénaire Christie Ravenne a écrit un livre pour témoigner : Gagatorium : quatre ans dans un mouroir doré.

Dans les dépliants publicitaires, les résidences privées pour seniors offrent une vraie alternative aux seniors qui ne veulent pas aller en maison de retraite. Problème : que les résidents profitent ou non des cours de gym, du restaurant ou encore des aides à domicile, ils doivent payer l'ensemble des prestations comprises dans un forfait. L’ancienne ministre Michèle Delaunay planchait sur une loi pour encadrer le secteur. Le remaniement est passé par là et les familles s’inquiètent. Christie Ravenne est l’une de celles qui a accepté de raconter la vie au quotidien dans ces résidences privées pour seniors. Le titre de son livre est explicite : Gagatorium : quatre ans dans un mouroir doré. Au micro d’Europe 1 mercredi, l’octogénaire n’a pas mâché ses mots.
 

Ici, personne ne dansait vraiment. Le jour où elle a visité pour la première fois la résidence pour seniors dans laquelle elle allait élire domicile, "des gens qui avaient entre 60 et 70 ans dansaient dans le restaurant ! J'avais moi 76 ans, j'ai trouvé ça sympa. J'ai appris après que c'était le club country du quartier qui venait une fois par trimestre faire sa BA, danser chez les vieux", raconte aujourd’hui Christie Ravenne. "Non, on ne s'amusait pas tous les jours ! La moyenne d'âge était plus près de 85-90, la moitié était grabataire. Comme ce n'était pas médicalisé, ils crevaient en silence dans leur chambre. C'était très loin de ce que j'ai cru au départ."

"Des services fantômes". Dans sa résidence, les charges pour un appartement s’élèvent à 500 euros par mois. 500 euros pour quoi ? "C'était des services fantômes ! C'était d'abord le salaire de la directrice et de l'hôtesse d'accueil, et des activités plus ou moins bidons comme des goûters". Dans cette résidence pour seniors, "j'y ai laissé ma santé et mon patrimoine !", résume Christie Ravenne.

Que doivent faire les résidents et leurs familles ? L’octogénaire estime aujourd’hui qu’il faut absolument légiférer dans ce secteur. "Dans mon livre, je n'ai pas hésité à parler d'un système mafieux ! Quand il y a un vide juridique, c'est la loi de la jungle : la mafia de l'or gris, la silver économie... C'est un marché juteux." Son conseil aux familles : "Faites attention : méfiez-vous du prix des services, c'est là qu'est le piège ! Il y a très peu de services. Essayez d'avoir des contrats s'il y en a, dans les résidences nouveau style dit-on. Insistez pour qu'en France on légifère là-dessus, il y a un projet de loi en cours. Que l'on contrôle ces résidences : il faut absolument les contrôler !"

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