Les radios libres célèbrent leur "révolution"

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avec AFP , modifié à
Le 9 novembre 1981, la loi autorisait (enfin) les radios locales à émettre librement. 

A l'époque la décision avec quelque chose de révolutionnaire . Le 9 novembre 1981, une loi autorise les radios locales à émettre, donnant ainsi naissance à des milliers de NRJ, Tata Lulu et autres Carbone 14, et transforme la radio, actuellement écouté par près de 43 millions de personnes.

L'année 1981 aura ainsi été primordiale pour la radio en France, couronnée par la loi n° 81-994 du 9 novembre portant dérogation au monopole de l'Etat de la radiodiffusion, une promesse des socialistes fraîchement élus. Jusqu'alors, seules les radios publiques avaient droit de cité (France Inter, France Culture, France Musique...). 

Les radios commerciales comme Europe 1, RMC, Radio Andorre (Sud Radio) ou RTL trouvaient une parade en émettant en dehors du territoire français, à partir du Luxembourg, d'Andorre ou de Monaco.

Quand "Tata Lulu" émettait de sa cuisine 

Pour les autres radios, brouillages de ligne, interventions policières et saisies du matériel auront été de mise jusqu'au début de 1981, notamment chez Radio Lille 80, Radio Uylensipiegel ou Canal 75. 

La radio associative "Radio Zema", qui existe toujours, a, elle obtient la première dérogation, dans le cadre de la nouvelle loi. Les "pirates", dont certaines existaient depuis les années 1960, sont également régularisées. L'écologiste "Radio verte", créée en 1977, ou "Lorraine Coeur d'acier" qui luttait contre la fermeture des usines d'acier depuis 1979, se développent. Elles ont disparu depuis.

Il y a aussi des nouveaux arrivants, comme le désormais géant NRJ, Radio Nova, Solidarnösc, Radio Notre-Dame. Beaucoup d'originaux voient aussi le jour. "Tata lulu", dont l'animatrice éponyme émet à partir de sa cuisine à Luzillat (Auvergne), existe toujours mais a été rebaptisée Variance. Le libertaire "Carbone 14" ferme ses portes assez vite.

2.000 radios recensées dès 1982

Dès 1982, 2.000 radios sont ainsi recensées. De nos jours, il y en a environ 900, pour 6.000 fréquences.

"Ces radios de proximité ont été une véritable révolution. Elles offraient aux auditeurs des services que des radios régionales ne pouvaient pas offrir parce qu'elles ne pouvaient pas émettre à destination de seulement 1.000 à 5.000 auditeurs", relève Patrice Gélinet, sage au Conseil supérieur de l'audiovisuel. Pour lui, la densité d'offre radiophonique en France est encore "unique au monde", grâce à cette loi de 1981.

Un autre tournant intervient en 1984, lorsque la publicité est alors autorisée sur les ondes. Les radios peuvent ainsi choisir entre deux statuts : devenir associatives et recevoir les subventions de l'Etat ou être commerciales et vivre de la publicité.

L'info en live

"Jusqu'en 1990, la radio était seule sur le terrain de l'actualité chaude en live gratuite et l'offre musicale gratuite", raconte Jean-Charles Verhaeghe, spécialiste du secteur pour l'agence My Conseils. "Les radios se voyaient attribuer une fréquence à partir du moment où elles avaient un émetteur assez puissant, un animateur avec une belle voix veloutée et une programmation musicale", dit M. Verhaeghe.

Mais avec la crise économique dans les années 1990, une grande partie a disparu ou leurs fréquences ont été rachetées par les grands groupes.

A partir de 2000, Internet avec son offre d'information et de musique gratuites ont également obligé les radios à mettre fin à leur modèle "low cost". Elles se sont alors recentrées sur la proximité et ont proposé une offre numérique répondant aux nouvelles attentes des consommateurs (web-radio, podcasts...)