Les lycéens manifestent sous haute tension

© MAX PPP
  • Copié
Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
La police a annoncé lundi près de 300 arrestations. La mobilisation va se poursuivre mardi.

"La dynamique est partie chez les lycéens et commence chez les étudiants", a assuré Juliane Charton, membre du bureau national de l'UNL. Malgré une journée de lundi marquée par des incidents en marge des manifestations dans plusieurs villes, les jeunes restent mobilisés contre la réforme des retraites. Ils devraient être nombreux encore mardi dans les rues aux côtés des salariés appelés à la grève.

Pour la journée de lundi, le ministère de l'Education nationale a décompté 261 lycées français perturbés par des grèves. Le principal syndicat lycéen annonce de son côté 950 établissements touchés, dont 600 bloqués, selon un comptage diffusé en fin de journée. Ces chiffres sont inférieurs à ceux de vendredi dernier, mais varient fortement selon la zone géographique.

Une mobilisation encore forte

A Paris, une vingtaine d'établissements se sont mobilisés. Des manifestants se sont retrouvés devant l'Hôtel de Ville pour bloquer la circulation en début d'après-midi. En Seine-Saint-Denis, plus de la moitié des lycées ont été bloqués, a annoncé la préfecture.

A Bordeaux, environ 800 lycéens, selon la police, ont manifesté contre la réforme des retraites lundi en fin de matinée. 2.800 lycéens manifestants ont été recensés en Seine-et-Marne. Entre 1.000 et 1.500 étaient dans les rues de Metz. Ils étaient environ 500 à Thionville, 400 à Nancy et à Mulhouse et 300 à Lyon, selon la police.

A Cambrai, dans le Nord, environ 800 jeunes ont défilé dans le calme :

De nombreux incidents en région parisienne...

En marge de ces défilés, des actes de vandalisme ont été signalés. Selon le ministère de l'Intérieur, 290 "casseurs" ont été interpellés au cours de la journée, d'après un comptage définitif. 231 ont été placés en garde à vue. Selon les informations recueillies par Europe 1, ce sont 130 personnes qui ont été arrêtées rien qu'en région parisienne, à Paris et dans les trois départements de la petite couronne.

En Seine-Saint-Denis, la préfecture a décrit une ambiance "plutôt tendue sur l'ensemble du département". A Saint-Denis, plusieurs magasins d'une petite galerie du centre-ville ont été saccagés, les vitrines brisées et les rideaux métalliques forcés.

A Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, des incidents se sont produits entre forces de l'ordre et jeunes devant le lycée Joliot-Curie, bloqué par des élèves. Deux voitures ont été incendiées, des vitres d'autres véhicules détruites. Après deux heures d'affrontements, le calme est revenu, a constaté un journaliste d'Europe 1.

Dans l'Essonne, le centre commercial Evry 2 a été bouclé lundi matin, suite à de nombreuses dégradations perpétrées en marge des manifestations. Des casseurs se sont introduits dans le centre, et ont brisé des vitres et emporté des marchandises.

En Seine-et-Marne, à Combs-la-Ville, un jeune homme a menacé des policiers lundi matin devant le lycée, selon les informations d'Europe 1. Il a braqué un fusil à pompe en direction des forces de l’ordre, sans toutefois ouvrir le feu.

... et en province

A Lyon, au moins quatre voitures en stationnement ont été renversées par des manifestants qui ont mis le feu à l'une d'elles, dans le quartier de la Croix-Rousse.

A Lille, la police a procédé à 50 interpellations pour des contrôles d'identité en marge de manifestations de lycéens, qui ont dégénéré en violences. Certains ont brûlé des voitures, dégradé du mobilier urbain et jeté des projectiles sur les forces de l'ordre, selon la préfecture. Toujours dans le Nord, à Hazebrouck, le directeur d'un lycée privé a été agressé et légèrement blessé alors qu'il tentait de s'interposer face à une quarantaine de jeunes gens qui étaient entrés dans son établissement.

A Nantes, une voiture a été brûlée près du lycée Livet. Aux alentours, plusieurs autres véhicules ont été endommagés. Une personne aurait été interpellée, selon des sources policières. A Rouen, des jets de pierre ont été signalés alors que plusieurs centaines de lycéens défilaient dans les rues de la ville dans l'après-midi.

A Saint-Etienne, les lycéens qui bloquaient depuis le début de la journée le principal dépôt de bus et de tramways de la ville ont accepté de quitter les lieux en début d'après-midi. A Clermont-Ferrand, une trentaine de jeunes ont commis des dégradations dans le centre-ville.

Dans l'Est, quatre jeunes ont également été interpellés suite à des dégradations en marge de manifestations à Thionville et à Forbach.

Mobilisation aussi dans les universités

En plus des lycées, la mobilisation semble désormais prendre de l'ampleur dans les universités. Cinq d'entre elles seront bloquées mardi, pour la journée intersyndicale contre la réforme des retraites, a annoncé l'Unef, la première organisation étudiante. 12 des 83 universités françaises sont en grève.

Les étudiants de Rennes 2 ont décrété un blocage jusqu'à vendredi. A Caen, au premier blocage qui ne concernait que le bâtiment "lettres", s'est ajouté lundi un blocage plus large de l'ensemble du campus 1 (sciences humaines, biologie, agroalimentaire). Une nouvelle assemblée générale aura lieu mercredi.

A Strasbourg, une soixantaine d'étudiants ont occupé le centre administratif de l'université. Quelques manifestants sont montés brièvement sur le toit pour installer des banderoles et appeler les étudiants et les salariés à rejoindre le mouvement.