Les hôpitaux psychiatriques pointés du doigt

Le rapport de l'Igas sur les hôpitaux psychiatriques note de gros "dysfonctionnements" notamment en matière de sécurité.
Le rapport de l'Igas sur les hôpitaux psychiatriques note de gros "dysfonctionnements" notamment en matière de sécurité. © MAXPPP
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Marion Sauveur , modifié à
L’Igas parle de "dysfonctionnements" en matière de sécurité, dans un rapport rendu public mardi.

La critique est sévère. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) rend public mardi un rapport sur les hôpitaux psychiatriques et qui est dévoilé par Le Parisien / Aujourd’hui en France. Ce document a été rendu aux ministres de la Santé, de l’Intérieur et de la Justice et il est publié le jour même du vote solennel des députés sur une réforme controversée de l'hospitalisation d'office.

19 homicides depuis 5 ans

L’Igas a analysé les "accidents en psychiatrie" survenus dans cinq établissements à Paris, Lille, Amiens, Nice et Poitiers, au sein de la population des malades internés d’office : ceux qui souffrent des troubles les plus graves. Ces derniers représentent la moitié des patients suivis dans ces hôpitaux.

"Derrière les drames individuels, se répètent des dysfonctionnements systématiques", note le rapport. L’Igas s’est penchée sur les 19 homicides qui ont été enregistrés au cours des cinq dernières années. Et des points communs ont été mis au jour : "le meurtrier était toujours un malade mental de sexe masculin. Il était souvent jeune, hospitalisé sans consentement et avait plusieurs antécédents de violences".

De même pour le profil des victimes. Le rapport indique des ressemblances : "il s’agit souvent de femmes, parfois fragiles, handicapées ou malades, qui font partie de ses proches ou sontdans une chambre d’hôpital voisine". Et le mode opératoire est souvent le même : "le meurtre est généralement exécuté à l’arme blanche ou à mains nues".

"Une mauvaise organisation"

Selon l’Igas, ces drames sont liés à une "mauvaise organisation", écrit le journal. Le rapport blâme notamment "la logique du secteur", qui, précise Le Parisien, "regroupe dans de mêmes structures les différents patients originaires des mêmes communes mais avec des pathologies très différentes". Le rapport évoque notamment "l’hospitalisation de schizophrènes ou des psychotiques avec des malades ayant des troubles du comportement ou de l’humeur". Et de conclure : "de tels regroupements facilitent les agressions et les homicides".

Autre point que relève l’Igas dans son rapport : les établissements psychiatriques ne sont pas assez sécurisés dans la zone à proprement parler de l’hôpital. "Il est relativement facile pour des patients, pourtant censés être interdits de sortie, de prendre la clé des champs", assure le journal s’appuyant sur le document de l’inspection. 10.000 fugues auraient ainsi été enregistrées. "Or, plusieurs décès se produisent au cours de ces fugues", déplore l’Igas.

"Eviter de mélanger enfants et adultes hospitalisés"

Pour éviter que ces drames se reproduisent, précise Le Parisien, le rapport propose de réconcilier sécurité et qualité des soins. Parmi les propositions évoquées : "recueillir préalablement l’avis des personnes qui vivent avec le malade avant de le renvoyer chez lui", "améliorer le système de déclaration des fugues" ou encore "contrôler les accès au sein des hôpitaux psychiatriques au moyen de sas et de badges".

L’Igas recommande également "de permettre aux femmes et aux adolescents de fermer leurs chambres aux autres malades sans pour autant interdire l’accès aux personnels soignants", "d’éviter que les hommes et les femmes n’aient à utiliser des locaux de toilettes communs" et "d’éviter, à tout prix, d’accueillir des enfants et des adolescents dans des services d’adultes hospitalisés sans leur consentement".