Le nouveau congé parental, futur casse-tête ?

© MAXPPP
  • Copié
Sophie Amsili et Céline Kallmann
La réforme, bientôt examinée au Sénat, doit inciter au partage des taches entre les deux parents.

La réforme du congé parental, examinée au Sénat à partir de lundi 16 septembre, fait déjà polémique. Présenté comme une avancée pour l'égalité entre les hommes et les femmes, le nouveau dispositif ne suscite en effet pas l'unanimité, ni parmi les familles ni auprès des associations familiales. Explications.

Ce qui change. La loi prévoit actuellement que lorsqu'un couple a au moins deux enfants, l'un des deux parents puisse prendre jusqu'à trois ans de congé parental. Avec cette nouvelle réforme, le gouvernement entend réduire la période de versement de l'allocation de trois ans à deux ans et demi. Les six mois restants ne pourrait bénéficier qu'au deuxième parent. Ainsi, une mère en congé parental cesserait alors de toucher l'allocation au bout de deux ans et demi mais le père pourrait prendre le relai pendant six mois, avec une allocation bonifiée.

>> LIRE AUSSI : Vers un congé parental plus masculin ?

"Nous créons une vraie incitation au partage", avait plaidé la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem dans un entretien au Nouvel Observateurparu début juillet. La réforme est néanmoins très critiquée, principalement pour deux raisons.

Les inégalités salariales posent problème. La première raison est financière.  Si le deuxième parent, généralement le père, s’arrête à son tour de travailler, il touchera à son tour uniquement l'allocation de 572,81 euros. De quoi faire basculer toute l’économie d’un foyer. C'est par exemple le cas de Cédric, un papa rencontré par Europe 1, qui serait ravi de pouvoir s'occuper de ses deux enfants : "si ma femme gagnait autant que moi et qu'on pouvait continuer à avoir la même maison et assurer les charges de la même façon, ce serait un grand bonheur de pouvoir passer plus de temps avec eux", assure-t-il.

Quelle autre solution de garde ? Deuxième point noir : le mode de garde. Si l'autre parent ne prend pas le relai, cela signifie que le congé parental est réduit de trois ans à deux ans et demi. Les parents vont donc devoir trouver un moyen pour veiller sur l’enfant les six mois restants. Un casse-tête, prévient François Fondard, président de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) : "Les crèches ? On sait bien qu'elles sont saturées", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Les assistantes maternelles ? Elles n'auront pas forcément la possibilité de prendre un créneau de six mois pour garder cet enfant car elles gardent des enfants pendant deux ans et demi-trois ans". Résultat, "cela va mettre dans l'embarras les jeunes parents", déplore François Fondard pour qui la réforme est "assez catastrophique".

A cette dernière critique, le gouvernement avance déjà une réponse : il prévoit la création ces cinq prochaines années de 275 000 nouvelles solutions d’accueil pour les jeunes enfants.