Le docteur Krombach devant la justice française

© MAXPPP
  • Copié
et Fabienne Le Moal et agences , modifié à
La santé du médecin allemand, jugé pour la mort de sa belle-fille, pourrait encore troubler le procès.

Le procès de Dieter Krombach, un cardiologue allemand de 76 ans accusé du meurtre d'une adolescente française en 1982, s'est ouvert de nouveau mardi à la cour d'assises de Paris. Le médecin a toujours nié avoir tué sa belle-fille de 14 ans, Kalinka Bamberski, mystérieusement décédée en 1982. Ce dossier a été relancé en octobre 2009 lorsque l'accusé a été enlevé en Bavière à l'initiative d'André Bamberski, père de la victime, et livré à la police française pieds et poings liés.

L'Allemagne conteste le procès

Mais ses avocats contestent la légalité du procès, tout comme l'ambassade d'Allemagne, qui estime que Dieter Krombach ne peut être jugé pour une affaire close en Allemagne et considère comme illégale une audience rendue possible par l'enlèvement d'un de ses ressortissants. La défense devrait plaider à nouveau l'annulation des poursuites pour ce motif ce mardi.

Programmé au printemps dernier, le procès de Dieter Krombach n'avait duré que quelques jours en raison d'un malaise coronarien subi par l'accusé en détention ce qui l'avait rendu inapte à comparaître devant la cour. Initialement planifié sur 15 jours, le procès a été reprogrammé sur trois semaines, jusqu'au 21 octobre.

"Mon père ne sera pas capable de se défendre"

L'état de santé du médecin allemand, âgé de 76 ans, risque bien une nouvelle fois de dicter le rythme des audiences. Dieter Krombach a d'ailleurs été hospitalisé dimanche à l'Hôtel Dieu à Paris. Il y restera sous la surveillance de la police, en dehors des heures de procès. "Mon père ne sera pas capable de se défendre parce qu'il oublie tout et ne peut pas se concentrer", a prévenu au micro d'Europe 1 sa fille, Diana Günther. 

"Il est hors de question que ce procès le tue", a déclaré son avocat Philippe Ohayon. Le résultat d'une nouvelle expertise médicale devait être connu ce mardi. Les audiences, prévues sur trois semaines, pourraient être limitées à quelques heures par jour.  

Pour André Bamberski, le père de Kalinka, qui lors du premier procès avait déjà mis en doute la réalité des maux de Dieter Krombach, la défense suit une "stratégie" qui vise à obtenir le renvoi sine die du procès pour raison de santé. Il n'imagine pas que Didier Krombach n'assiste pas à son procès.

"Krombach doit prendre ses responsabilités" :

André Bamberski ne perd pas de vue l'objectif qu'il poursuit depuis 29 ans : comprendre les causes du décès de Kalinka retrouvée morte dans son lit au domicile de Dieter Krombach, à Lindau, en Allemagne, où elle vivait avec sa mère. Dieter Krombach a toujours parlé d'une mort accidentelle, expliquant que Kalinka était décédée après qu'il lui avait injecté une préparation ferrique censée l'aider à bronzer.

Jamais poursuivi dans son pays, Dieter Krombach avait été condamné en 1995 à Paris par contumace à 15 ans de réclusion criminelle pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Il encourt aujourd'hui la réclusion à perpétuité.