Le danger des superbactéries

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DECRYPTAGE - Ces bactéries se développent depuis plusieurs années et inquiètent les experts.

Klebsiella pneumoniae, Escherichia coli, NDM-1, la multiplication des bactéries multirésistantes inquiètent. Dernier exemple en date, la bactérie Klebsiella qui a frappé en juillet l'hôpital de Massy. Mais sur les porteurs décédés, aucune n'a été directement victime de la bactérie. Europe1.fr fait le portrait-robot de ces superbactéries.

Qu'est-ce qu'une superbactérie ?

Une bactérie multirésistantes, ou superbactérie, est fondamentalement la même chose qu'une bactérie classique. La seule différence est sa capacité à mieux résister aux médicaments censés lutter contre elle. Une bactérie mute en "superbactérie" à cause de l'utilisation abusive d'antibiotiques. Il en existe une centaine aujourd'hui, divisées en vingt catégories. Les cas récent de NDM-1 en 2010 et d'E.coli au début de l'été en attestent : les superbactéries sont tenaces.

La Klebsiella pneumoniae, dernier exemple en date

Médiatisée avec les cas recensés au début de l'été à Massy, cette superbactérie est née aux Etats-Unis au début des années 2000. Elle s'est propagée par Israël, puis en Pologne, Italie et Grèce, d'où a été rapatriée la victime qui a transmis la bactérie aux autres patients à Massy. "Le manque d'hygiène et l'abus de prise d'antibiotiques en Grèce notamment ont conduit à la contamination" européenne. "Les hôpitaux grecs sont autant plombé que leur économie. Et c'est très sérieux. Mieux vaut ne pas se faire hospitaliser à Athènes. Mais dans l'ensemble, tous les transferts d'un pays étranger sont à risque", explique Patrice Nordmann, directeur de l'unité Inserm "résistances émergentes aux antibiotiques" et chef du service microbiologie-bactériologie-virologie de l'hôpital Bicêtre.

Une seule solution : le dépistage

Face au danger grandissant que représentent les superbactéries, une seule solution est viable, selon Patrice Nordmann : "dépister, dépister, dépister". Si la France n'a pas connu la même quantité de victimes que les Pays-Bas l'année dernière (28 morts à cause de Klebsiella), c'est dû au sérieux des autorités sanitaires françaises. "La direction générale de la Santé a pris très en amont toute la mesure du problème. Une note du ministère de la Santé du 6 décembre 2010 précise que tous les patients venant de l'étranger doivent être dépistés. C'est la seule solution viable".

Les antibiotiques, remède insuffisant

"Le gène de résistance peut passer chez d'autres espèces bactériennes. Cela tend à se développer. On va voir l'apparition de nombeux cas nouveaux. Cela ne peut que s'aggraver", prévient Patrice Nordmann.  L'absence de nouveaux antibiotiques prévus dans les prochaines années n'est pas fait pour rassurer. "C'est une stratégie globale de l'industrie pharmaceutique. Cela concerne peu de personnes donc la rentabilité de faire un antibiotique est faible. Vu l'incertitude entourant les bactéries et leur évolution, il est préférable pour eux de développer une molécule autour du cholestérol ou de l'hypertension". Ajourd'hui, pour combattre la Klebsiella pneumoniae, deux antibiotiques font normalement encore effet. Mais jusqu'à quand ?