Le Dr Hazout, "un prédateur en blouse blanche"

Le dr Hazout est poursuivi pour des viols et des agressions sexuelles commises sur ses patientes dans son cabinet
Le dr Hazout est poursuivi pour des viols et des agressions sexuelles commises sur ses patientes dans son cabinet © MAXPPP
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et Noémie Schulz , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Alice sera sur le banc des victimes au procès de ce spécialiste de la FIV, poursuivi pour viols et agressions sexuelles.

L'info. Il était pour ces femmes "l'homme de la dernière chance". Le docteur André Hazout, mondialement reconnu comme spécialiste de la fécondation in vitro, était leur dernier espoir d'avoir un enfant. Il est aujourd'hui poursuivi pour des viols et des agressions sexuelles commises sur ses patientes dans son cabinet. Une trentaine d'entre elles l'accusent mais seule six sont parties civiles car les autres faits sont prescrits. André Hazout, désormais radié de l'Ordre des médecins, est jugé à partir de mardi par la cour d'assises de Paris. Europe 1 a rencontré Alice, l'une des plaignantes.

"Père de la FIV". Il y a dix ans, Alice va consulter le Dr Hazout. A 40 ans, elle souffre d'infertilité. "Nous nous sommes dits 'pourquoi ne pas aller voir ce médecin ?' qui nous était vraiment présenté comme un dieu, 'le père de la fécondation in vitro'", se souvient-elle. Mais l'espoir vire rapidement au cauchemar.

"Ça a dérapé au fur et à mesure". "Le premier rendez-vous se passe normalement. Lorsqu'il se termine, le médecin m'a raccompagnée et il s'est tout à coup montré très chaleureux. Cette chaleur, qu'au départ j'ai mise sur le compte d'un tempérament latin, elle a dérapé au fur et à mesure des rendez-vous", raconte Alice.

"Impossible de dire non". "Les faits se sont déroulés dans son cabinet au moment d'une auscultation gynécologique, la veille de la ponction qui est la clé de voûte de ce processus. C'est pas possible à ce moment de dire non. On est à la veille du grand jour, qui va peut-être me permettre de devenir mère. Pendant des mois on l'attend ce jour là. Alors, mon Dieu, on se tait", poursuit-elle. "Oui, j'ai été violée par le Dr Hazout", lâche-t-elle.

"J'ai compris qu'il n'arrêterait jamais". Mais pour cette patiente, comme pour les autres victimes, impossible alors de parler. "Sur le coup je suis tétanisée, le choc est terriblement violent. Je suis rentrée chez moi, je tremblais de tout mon corps", se rappelle encore Alice. Elle va même revenir plusieurs fois au cabinet, et ce, dès le lendemain. "J'y suis retournée avec mon mari mais il ne pouvait pas m'accompagner à chaque fois. Et j'ai compris qu'il n'arrêterait jamais", assure-t-elle.

"Des prédateurs en blouse blanche". La FIV menée par le Dr Hazout échoue. Alice change de médecin et reprend un autre protocole, qui aboutira celui-là. Mais elle en veut à l'Ordre des médecins et à tous les confrères du Dr Hazout, alertés par les patientes, qui n'ont rien dit. "J'aimerais que tous ces prédateurs en blouse blanche se rendent compte que cette blouse ne leur permet pas de jouir de l'impunité. Ils restent des citoyens comme les autres. Une patiente n'est pas un objet de désir", fulmine-t-elle.