Le Beaujolais nouveau, succès d’un soir

Surconsommée en un soir, le Beaujolais nouveau se vend ensuite très mal en grande surface.
Surconsommée en un soir, le Beaujolais nouveau se vend ensuite très mal en grande surface. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Fêté chaque année, le vin peine à se vendre, peu exposé qu’il est dans les rayons.

Comme chaque troisième jeudi de novembre, le Beaujolais nouveau sera dignement fêté dans toute la France. Mais après cette soirée arrosée, l’heure ne sera plus à la fête pour l’appellation, plombée par son vin primeur. Loin de sa splendeur passée, le Beaujolais nouveau ne fera qu’un passage éclair dans les rayons de la grande distribution.

En une douzaine d'années, les ventes de Beaujolais nouveau en grandes surfaces ont ainsi chuté de plus de moitié. En 2010, les enseignes en ont vendu 5,5 millions de litres contre 11,2 millions de litres en 1997, selon les chiffres du cabinet d'études SymphonyIri. Le chiffre d'affaires suit la même tendance baissière. Sur les trois dernières saisons, de 2008, 2009 et 2010, les ventes sont passées de 29,7 millions d'euros, à 28,6 millions pour atterrir à près de 28 millions d'euros. A elle seule la grande distribution assure plus de 80% des ventes de vins.

Leader Price sollicite Jean-Pierre Coffe

"Le phénomène du Beaujolais nouveau s'essouffle et désormais il faut que l'on vende tout en trois jours", reconnaît Etienne Delannoy, acheteur vins et champagne pour Leader Price. Intermarché se mettra aussi au Beaujolais nouveau pendant trois jours, voire une semaine. "L'objectif d'une enseigne, c'est de faire du chiffre d'affaires et le Beaujolais nouveau ne tire pas vers le haut", affirme Eric Amisse, adhérent en charge des vins et champagnes.

Certaines initiatives essaient tout de même de renverser la tendance. Leader Price, filiale du groupe Casino, a par exemple confié à Jean-Pierre Coffe pour la deuxième année consécutive le lancement d'un Beaujolais nouveau sous marque de distributeur (MDD). L'animateur-gastronome, promet que la bouteille qui sera proposée à 3,95 euros "n'est pas un vin dans lequel on a ajouté de la framboise, de la banane, du cassis ou des arômes artificiels".

Outre les bouteilles sérigraphiées et autres outils marketing, Intermarché propose de son côté depuis l'an dernier du Beaujolais nouveau, version rosé, "pour capter une nouvelle clientèle", explique Catherine Fedrigo, responsable des vins.

Sévère purge

Mais le pessimisme demeure. "En grande distribution, le Beaujolais nouveau ne va plus progresser", affirme Frédéric Guyard, responsable de la rubrique vins du magazine spécialisé Rayon Boissons et qui a récemment consacré un dossier sur le sujet. "Dans la spirale de baisse que le Beaujolais a entamée depuis une vingtaine d'années, les opérateurs, auparavant particulièrement dynamiques, le sont de moins en moins", explique-t-il.

Jean Bourjade, délégué général de l'interprofession, regrette le désengagement des enseignes d'autant que le vignoble s'est administré une sévère purge (arrachage de ceps et baisse des volumes) pour relancer l'appellation. Selon lui, "la tendance aujourd'hui est que le consommateur cherche des cuvées de Beaujolais nouveau plus haut de gamme sur des productions plus restreintes, mieux valorisées".

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