Lagerfeld "milite pour la journée de 48 heures"

Karl Lagerfeld s'est livré pendant pendant deux heures devant des étudiants de Science Po Paris.
Karl Lagerfeld s'est livré pendant pendant deux heures devant des étudiants de Science Po Paris.
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avec AFP , modifié à
Pendant deux heures, le couturier s'est livré devant une centaines d'étudiants de Science Po.

L'école, Chanel, la mode aujourd'hui, le temps qui passe: le couturier Karl Lagerfeld s'est livré pendant deux heures mardi à Paris dans une masterclass qui a réuni des centaines d'étudiants de Sciences Po.

"Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas eu le temps", commence le couturier devant les étudiants de la prestigieuse école. A 16 ans, il a quitté sa famille en Allemagne pour se lancer dans la mode à Paris. "L'école, c'est bien, mais ça ne suffit pas".

Insatiable travailleur. Tour à tour drôle, piquant, toujours fin, Karl Lagerfeld, derrière ses lunettes noires et devant son verre de Coca, a captivé son public. "Je milite pour la journée de 48 heures", a-t-il lâché, avec son fameux débit, comme s'il était sans cesse pressé. Le couturier travaille pour trois marques. "Un truc stimule un autre. Chanel, c'est ma version française, Fendi, ma version italienne, Lagerfeld, la version de moi-même".

"Je n'ai pas croisé Coco Chanel. Il ne valait mieux pas, elle m'aurait détesté". Le couturier arrivé chez Chanel en 1982 raconte que la maison était "devenue poussiéreuse". Il a choisi "le réveil brutal". "Il faut respecter les choses, mais si vous voulez survivre, il ne faut pas rester là-dedans", a-t-il conseillé aux étudiants âgés d'une vingtaine d'années.

Il raconte avoir "poussé", "exagéré" beaucoup de codes Chanel. "Dans les collections, de 1954 aux années 60, il n'y avait pas de camélias", affirme-t-il. "Certains disent que l'élégance est morte. C'est faux. Elle a changé de visage", juge le couturier. "C'est à nous de nous adapter aux évolutions du temps et non l'inverse", dit Karl Lagerfeld, qui serait né en 1935, à en croire une récente interview.

Artiste du moment. "Ce qui compte, c'est aujourd'hui". "Je ne vais jamais aux Puces, le côté inventaire après décès, c'est déprimant", dit-il.Il se réjouit qu'"à notre époque, on n'ait pas besoin d'une fortune pour être bien habillé". "Le luxe est obligé de faire des efforts sur-humains à cause de ça".

Le couturier estime que Chanel doit pouvoir "renouveler sa boutique tous les deux mois pour créer une nouvelle excitation". "On ne peut pas se contenter de choses qui pendouillent depuis 6 mois", dit-il.Sa plus grande réussite? "C'est pour demain. Je pense qu'on peut toujours faire mieux".

Karl Lagerfeld lit les journaux tous les matins avant de commencer à dessiner des modèles; il lit aussi "vingt livres à la fois", en Français, en Anglais ou en Allemand. Son "seul regret"? Ne pas jouer du piano.