La vie secrète du convoyeur de fonds

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Tony Musulin qui a disparu avec 11,6 millions d'euros avait une double vie.

Qui est vraiment Tony Musulin ? Même son ex-compagne, avec qui il a vécu onze ans, semble ne pas le savoir vraiment. Une Ferrari, une société immobilière dans laquelle il avait investi plusieurs dizaines de milliers d'euros et même une société de vente de véhicules de luxe... L'homme ne menait pas la vie d'un convoyeur de fonds traditionnel.

Le chauffeur de 39 ans est originaire de Serbie. Un pays où vit encore son père, à qui il rend visite de temps en temps. Célibataire sans enfant, il avait vécu en concubinage mais était séparé de sa compagne depuis plus d'un an et "avait une vie solitaire", a indiqué le procureur de la République à Lyon. Une compagneque Libération a rencontrée dans le restaurant qu'elle tient à Villeurbanne, en banlieue lyonnaise. Elle décrit "un homme très intelligent, 'pas du tout flambeur', même très économe".

Tony Musulin avait pourtant acheté en avril dernier une Ferrari F430, selon les informations d'Europe 1. Un bolide qui vaut plusieurs dizaines de milliers d'euros alors qu'un convoyeur gagne 1.700 euros net par mois. Une voiture de luxe qu'il s'était fait voler un mois plus tard. Les policiers lyonnais ont retrouvé la trace d'une plainte déposée au commissariat. Il y a quelques années, c'était une Audi A8 qui lui avait été dérobée. Là aussi, il avait porté plainte.

L'ancienne compagne du convoyeur se souvient de la Ferrari mais indique qu'il en "faisait un usage très discret. Il ne s'en servait jamais dans son quartier". Il roulait dans un vieux break 406 et allait travailler à vélo.

Son goût pour les belles voitures l'avait poussé à créer une société de vente de véhicules de luxe, "dans le Nord ou l'Est de la France", croit savoir son ex-compagne. Mais elle n'en sait pas beaucoup plus sauf qu'il gérait l'affaire pas téléphone et internet et se déplaçait de temps en temps.

Tony Musulin avait aussi placé 115.000 euros "dans une société immobilière (SCI) dont le siège social se situe à son adresse d'alors : celle du bar-restaurant de sa compagne de l'époque", affirme Libé. Elle dit ne rien à voir avec lui. Le convoyeur avait un associé, Abel F., qui avait investi la même somme. L'homme, qui porte le même nom de famille que l'ancienne compagne du transporteur, "est à la tête de cinq autres SCI", indique le quotidien.

Avant de se volatiliser, Tony Musulin avait fermé ses comptes bancaires, une dizaine au total, pour environ 100.000 euros.

Pendant dix ans, Tony Musulin a donné entière satisfaction à son employeur. "Ce n'était pas un grand bavard mais il était fiable", disent de lui ses collègues. Sauf ces dernières semaines où il râlait de plus en plus contre ses patrons et contre les banquiers. Il se plaignait notamment d'être mal payé.

On a aussi appris qu'il avait été entendu dans une affaire de stupéfiants en 1996. Quelques années seulement avant d'être embauché par la société de transports de fonds Loomis.

> L'enquête s'oriente vers les Balkans