"La religion vient m'aider au quotidien"

Au total, plus d'un million de personnes de 193 pays sont attendues pour les 26e Journées mondiales de la jeunesse à Madrid, où le pape Benoît XVI est attendu jeudi. © Maxppp
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et Luc Evrard , modifié à

TEMOIGNAGE - En ce jour d'Assomption, Europe 1 s'interroge sur le rapport des jeunes à la foi.

"Le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas", disait André Malraux. En ce lundi 15 août, où les catholiques célèbrent l'Assomption de Marie, la mère du Christ, où les musulmans sont à mi-chemin du ramadan, et où le dalaï-lama est en séminaire à Toulouse, Europe 1 a souhaité comprendre, à travers de plusieurs témoignages, le rapport à la foi de jeunes de différentes confessions religieuses.

"La religion m'aide à rester cadré"

Musicien, Etienne, 26 ans, s'apprête à commencer une formation pour devenir rabbin. "Je voulais d'abord devenir rabbin (…). Quand j'ai eu 15 ans, je me suis dit que ça serait quelque chose qui me plairait énormément", a-t-il expliqué sur Europe 1. Pour le jeune homme, religion et musique ne sont pas incompatibles. "Le rock, c'est un peu dangereux. On a toute sorte de tentations, et la religion vient m'aider au quotidien à toujours rester un peu cadré, et au final ça se complète très bien", confie Etienne.

Une religion qui berce le quotidien de ce musicien. "Le matin, on se lève, on fait la prière (…), ensuite durant toute la journée, on va manger casher au déjeuner. (…) Au cours de la journée, ça se traduit par le fait d'être attentif à ce qui se passe autour de nous, l'aumône", raconte-t-il. Une foi qui, d'après lui, le rend plus fort. "Ce qui m'influence le plus, c'est la prière, la faire tous les jours donne une très grande force morale pour affronter le quotidien".

Un espace de "solidarité"

Depuis trois ans, Pierre, 24 ans, étudiant en école de commerce est chef scoute auprès d'adolescents. Pour ce jeune homme, la religion permet de prendre le recul nécessaire par rapport au quotidien des études. "On est toujours un peu dans la compétition pour trouver un stage, pour le concours de l'école, c'est un peu chacun pour soi, et c'est difficile de pratiquer toutes les valeurs religieuses, qui nous animent", a-t-il raconté sur Europe 1. "Là, c'est un cadre où vraiment on n'a rien à prouver (…). C'est au sein d'une expérience de vie, de solidarité, de jeux, qu'on peut faire passer ses valeurs qui nous animent", juge le jeune homme.

Pour cet étudiant promis à une belle carrière, l'ambition professionnelle n'est pas incompatible avec la foi. "Si le fait d'avoir des valeurs, de croire vraiment nous empêche d'être dans le monde, comment est-ce qu'on peut transmettre le message et jouer un rôle ?", interroge-t-il. "Dans la banque dans laquelle je fais un stage maintenant, j'ai très souvent des débats de fond, avec des jeunes musulmans ou des athées", ajoute-t-il.

"C'est dans l'expérience qu'on comprend les choses"

Georges Lançon, Président des "Eclaireurs de la Nature (Scouts bouddhistes), est revenu sur le bouddhisme, une religion relativement récente en France. "Il manquait à cette religion (…) qui a une petite quarantaine d'années en France, de s'adresser aux jeunes générations", analyse-t-il.

Estimant que le bouddhisme a des valeurs importantes à transmettre aux jeunes, comme la "générosité" et la "patience", Georges pointe une différence avec les autres religions. "Ce n'est pas une religion déiste, on ne postule pas l'existence d'un dieu pour cheminer (…). C'est un long cheminement d'amélioration personnelle qui passe par la compréhension de l'expérience", fait-il observer.

"Aujourd'hui, les jeunes veulent s'affirmer"

Quel regard porte alors les ainés sur les jeunes et leur rapport à la foi ? Leïla Marouane, 51 ans, dont le dernier livre, Le papier, l'encre et la braise, analyse le retour à la foi, s'est penchée sur la question concernant les jeunes musulmans. "Personnellement, je ne pratique pas", commence par clarifier cette ancienne journaliste, qui note cependant une évolution dans le rapport à la foi des jeunes musulmans. "Ils font le ramadan parce que c'est un phénomène de société. Pour eux, c'est une évidence, il faut le faire sinon on est pointé du doigt", a-t-elle expliqué sur Europe 1.

"Je connais des jeunes qui le font parce que c'est familial, j'en connais d'autres qui le font par réaction identitaire aussi (…). "Il y a 20 ans, on ne voulait pas en parler. Aujourd'hui, c'est le contraire, on le dit, on veut s'affirmer", conclut-elle.