La mode du bien-être profite aux sectes

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Le président de la Miviludes a dévoilé sur Europe1 les grandes lignes de son rapport annuel.

"Psychothérapie alternative", "régime nutrionniste"… "Il y a là des thématiques dans lesquelles les groupes sectaires se sont engouffrés", a affirmé mercredi sur Europe1 Georges Fenech, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), dont le rapport annuel doit être dévoilé mercredi matin.

On assiste à "une véritable explosion partout en France" "des centres psychothérapeutiques, des centres nutritionnistes qui attirent beaucoup", a expliqué Georges Fenech. "On voit ces centres proliférer et offrir à la carte toute sorte de psychothérapie alternative mais totalement charlatanesque", a-t-il affirmé.

"Nous sommes là face à un phénomène, si on n’y prend pas garde, qui peut faire beaucoup de victimes", a ajouté George Fenech, avant d’appuyer son propos par les exemples de "régimes nutritionnistes extrêmement graves, à l’égard notamment des enfants", ou encore de "techniques dites du respirianisme", qui consistent à ne se nourrir "que d’air et de lumière".

500.000 personnes concernées

La dérive sectaire "ne régresse pas, elle se développe incontestablement" selon Georges Fenech, qui a recensé "600 mouvements ou pratiques qui présentent des risques, alors que la mission d’enquête parlementaire en 1995 avait pointé 172 mouvements".

"Il y a sans doute quelque 500.000 de nos concitoyens qui sont touchés directement, et parmi eux une grande partie d’enfants", a poursuivi le président de la Miviludes.

Constituer une base de données

Pour limiter les dérives sectaires, "nous allons établir des dossiers dans lesquels nous rassemblerons tous les signalements que nous recevons", a poursuivi Georges Fenech. Ces dossiers seront "consultables à la Miviludes par les autorités publiques et les associations", a-t-il ajouté.

Autre nouveauté, "le ministère de la Santé a mis en place un groupe d’appui technique qui va référencer toutes ces pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique", a détaillé Georges Fenech, avant de conclure : "tout ce qui est naturel peut cacher en partie des dérives sectaires".

La nutrition, nouvel outil des sectes

La Miviludes consacre également un chapitre de son rapport annuel à la nutrition et à ses dérives possibles, soulignant les risques du jeûne excessif ou du régime exclusivement végétalien pour les enfants, de l'abandon des médecines classiques au profit de régimes censés guérir tous les maux, y compris le cancer, des stages associant le jeûne et la randonnée jusqu'à l'épuisement.

Elle propose notamment de développer l'expertise scientifique des produits autour de la nutrition, régimes et compléments alimentaires et de lutter contre les infractions au titre de l'exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie.

Des progrès enregistrés

Georges Fenech a également salué les avancées réalisées en 2009 : l'enquête sur l'éducation à domicile pour mieux connaître l'ampleur du phénomène et identifier le risque sectaire, mais aussi la formation des magistrats aux dérives sectaires ou encore la définition et l'encadrement du titre de psychothérapeute, suite à une loi du 21 juillet 2009.

Il s'est aussi félicité aussi des directives du ministère du Travail pour lutter contre le travail dissimulé, nombre de sectes faisant travailler leurs adeptes sans salaire ni couverture social. Georges Fenech a également souligné le progrès que constitue la création par le ministère de l'Intérieur de la Cellule d'assistance et d"intervention en matière de dérives sectaires (CAIMADES) au sein de l'Office central de répression des violences aux personnes.

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