La mesure de la délinquance critiquée

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avec AFP

Une commission parlementaire sur la "mesure de la délinquance" en France met sévèrement en cause dans un rapport mercredi l'outil statistique des forces de l'ordre, critiquant les "manipulations" de chiffres et appelant à une "rénovation" et un "consensus de la classe politique".

La commission met en cause les données policières et judiciaires de recueil des statistiques qui sont "partielles, biaisées et insuffisantes". "L'état 4001" des forces de l'ordre, outil statistique basé sur 107 index classifiant les infractions en fonction des plaintes recueillies, "ne peut être considéré comme un outil de mesure", dit la commission.

Les parlementaires dénoncent son "utilisation dévoyée par l'Etat", vitupérant par exemple l'utilisation du "chiffre unique" de la délinquance qui était la règle jusqu'à présent, pour mesurer chaque année la politique sécuritaire des gouvernements de gauche et de droite, et qu'a abandonnée le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. "Quand on mesure la performance d'un service à partir de données qu'il renseigne lui-même, le risque de distorsion et de manipulation est important", avancent les parlementaires, dénonçant une "logique de performance" et de "pression" pour de bons résultats grâce à des "outils sous influence".

La commission rejoint la volonté de M. Valls de changer à terme l'outil statistique de la délinquance en créant de nouveaux indicateurs et agrégats. Le 26 mars, devant la commission, M. Valls avait anticipé une probable hausse du chiffre de la délinquance dans le cadre de cette réforme.

La mission d'information sur la "mesure statistique" des délinquances et leurs "conséquences" a été menée depuis plusieurs mois et est présentée mercredi par ses responsables, les députés Jean-Yves le Bouillonnec (PS) et Didier Quentin (UMP). Ils ont précisé avoir auditionné plus de 110 personnes - policiers, gendarmes, magistrats, responsables des statistiques, ministres de la Justice et de l'Intérieur - afin de "dresser un état des lieux" sur ce sujet sensible qui fait l'objet de vifs et récurrents débats politiques.