La lutte anti-cholestérol coûte (trop) cher

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Thomas Morel et Anne Le Gall , modifié à
Selon l'Assurance maladie, les médecins privilégient trop des statines dernier cri. 

C'est l'un des traitements les plus coûteux pour l'Assurance maladie. La consommation de statines, ces médicaments utilisés pour lutter contre le cholestérol et qui concernent 6,5 millions de patients en France, coûte chaque année plusieurs centaines de milliards d'euros à l'Assurance maladie. Un montant qui pourrait pourtant, selon ses experts, être facilement revu à la baisse.

Le médicament dernier cri privilégié… Envie de bien faire ou marketing très efficace, les médecins privilégient trop souvent le médicament dernier cri, souligne l'Assurance maladie. C'est ainsi que la rosuvastatine, la toute dernière molécule introduite sur le marché, est prescrit dans un cas sur trois en France, contre moins de 8 % dans le reste de l'Europe.

… mais pas plus efficace. A priori, on pourrait penser que le dernier médicament est le meilleur. Or ce n'est absolument pas le cas. Une étude menée par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) auprès de 163.801 patients suivis pendant trois ans a montré que la rosuvastatine était tout aussi efficace que la simvastatine, le produit le plus ancien sur le marché, moins coûteux et qui existe également sous forme de générique. "Les nouveaux médicaments n'ont pas une plus grande performance que les anciens", martèle le Professeur Hubert Allemand, médecin conseil national, au micro d'Europe 1.

Pourtant, les médecins français restent réticents à l'idée de proposer le médicament le moins cher. "Nous sommes culturellement dans une situation où l'on pense que les derniers produits sont meilleurs que leurs prédécesseurs. Cette idée est assez présente dans notre pays, que ce soit chez les médecins ou les patients", tente d'expliquer le Pr. Allemand.

500 millions d'économies potentielles. Pourtant, privilégier le générique permettrait de faire facilement des économies significatives. Les montants en jeu sont en effet très importants. La rosuvastatine coûte à elle seule près de 340 milliards d'euros par an à l'Assurance maladie. En privilégiant une pilule moins onéreuse, les médecins pourraient faire économiser quelques 500 millions d'euros chaque année à la sécu. Soit l'équivalent d'une centaine de nouveaux scanners qui pourraient chaque année être installés dans les hôpitaux français.