La fuite de Total est-elle dangereuse ?

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Marion Sauveur et Walid Berrissoul , modifié à
Total est préoccupé mais assure garder le contrôle. Greenpeace est en chemin pour vérifier.

Le géant pétrolier Total lutte depuis dimanche contre une importante fuite de gaz sur l'une de ses plateformes en mer du Nord. Il s'agit déjà du "plus gros incident pour Total en mer du Nord depuis au moins dix ans" a reconnu Brian O'Neill, porte-parole de l'entreprise. Cet incident soulève de nombreuses questions.

Que s’est-il passé le week-end dernier ? Une fuite de méthane a été détectée dimanche soir sur la plateforme "Elgin", située à 240 km au large de la ville écossaise d'Aberdeen. On ignore encore qu’elle est l’origine de la fuite mais l’incident est suffisamment grave pour que Total fasse appel à "des experts venus de France et à d'autres spécialistes", comme l’a précisé Brian O'Neill.

La fuite est-elle colmatée ? Non et la situation est telle que Total a été amené à évacuer l’intégralité de ses 238 employés présents sur place. 23 tonnes de gaz se sont déjà échappées en l’espace de 48 heures et la fuite continue au niveau des piliers de la plate-forme, constituant un nuage de gaz. Une nappe fine d'hydrocarbure de  12,4 km2 s’est également formée.

Existe-t-il un risque d’explosion ? Oui, si bien que Total a coupé l’alimentation électrique du site dans la nuit de dimanche à lundi et qu’une zone d'exclusion maritime et aérienne a été mise en place autour de la plateforme. La plate-forme Shell, voisine de 6 kilomètres, a également été évacuée.

Problème, une torchère, c'est-à-dire une cheminée brûlant les résidus, est toujours allumée et risque de provoquer une explosion si le gaz l’atteint. "Le vent pousse le panache de gaz dans une direction opposée à celle de cette torche", a précisé le directeur de la santé/sécurité/environnement chez Total, David Hainsworth.

Existe-t-il un risque pour l’environnement ? Les risques environnementaux sont à ce stade minimes, a assuré le groupe pétrolier. Moins spécialisée mais tout aussi écoutée, l’agence de notation Fitch a estimé que "la fuite d'Elgin est une fuite de gaz en surface et non une fuite sous-marine de pétrole, ce qui diminue fortement le potentiel de dégâts environnementaux par rapport à Deepwater Horizon (marée noire en Louisiane en 2010)".

Le constat des écologistes est tout autre, d’autant que la fuite pourrait durer au moins six mois avant d'être résorbée. "Ce puits lâche du méthane, qui émet vingt-cinq fois plus de gaz à effet de serre que de CO2. On peut imaginer que, sur six mois, le relâchement de méthane dans l'atmosphère va avoir un impact et renforcer malheureusement le dérèglement climatique", s’est inquiétée au micro d'Europe 1 Anne Valette, chargée de campagne climat chez Greenpeace.

La communication de Total est-elle transparente ? Les relations entre les écologistes et l’industrie pétrolière sont telles que l’ONG Greenpeace a envoyé mercredi matin un hélicoptère sur zone. L'appareil, parti d'Allemagne, doit s'approcher au plus près de l'incident et voler ainsi autour de la zone restrictive de 5 kilomètres autour de la fuite. Objectif : recueillir des photos et des vidéos de la fuite de gaz pour en mesurer l'étendue.