La "colo pour tous" grâce à un label ?

La ministre des Sports et de la Jeunesse, Valérie Fourneyron, veut expérimenter en 2014 un label pour les colonies de vacances afin de distinguer notamment celles qui jouent la carte de la mixité sociale, annonce-t-elle lundi.
La ministre des Sports et de la Jeunesse, Valérie Fourneyron, veut expérimenter en 2014 un label pour les colonies de vacances afin de distinguer notamment celles qui jouent la carte de la mixité sociale, annonce-t-elle lundi. © MaxPPP
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Le gouvernement veut rendre accessibles les colonies de vacances au plus grand nombre.  

Le constat. Découvrir la nature, s'évader du regard des parents ou embrasser sa première conquête… Les colonies de vacances peuvent être les lieux des plus agréables souvenirs. Mais tous les enfants n'ont pas le même accès à "ces formidables espaces de construction individuelle et collective", à "ces temps utiles à chacun pour forger ses expériences ", comme les décrit Valérie Fourneyron dans un communiqué publié lundi. En outre, "les séjours deviennent plus courts, les habitudes changent, la fréquentation des colos classiques diminue", constate la ministre de la Jeunesse et des Sport. Selon elle, l'un des principaux facteurs de cette tendance "tient à l’augmentation des coûts, qui entraîne notamment une réduction de la mixité sociale".

Fourneyron

Bientôt des "colos" labellisées. Afin de rendre accessible les "colos au plus grand nombre, la ministre a donc dévoilé lundi sa réponse : un label, qui désignerait les centres qui jouent le jeu de la mixité sociale. Les "exigences" prises en compte pour être éligible à cette distinction seront ainsi "la mixité sociale" mais aussi "l'accessibilité des activités de loisirs de qualité, sans considération de revenus", "la proximité et la simplicité, "le développement durable et la citoyenneté", "le respect et la découverte de l'environnement", et enfin "un projet pédagogique fort et lisible pour les parents", a détaillé la ministre.

L'idée est, dans un premier temps, de désigner les structures dignes d'être labellisées. Puis de lancer une campagne de communication pour les faire connaître des parents qui n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants dans une colo plus onéreuse.

Premières expérimentations l'été prochain. "Sans non plus en revenir à la nostalgie et à la 'petite maison dans la prairie', le but est de mettre un frein aux activités hors de prix. Il s'agit de développer des centres innovants et de qualité sans tomber dans le sensationnel", détaille-t-on au ministère, contacté par Europe1.fr.  Une mission faisant participer les équipes ministérielles, les organisateurs associatifs, les parents et les prescripteurs (les collectivités territoriales et les comités d’entreprises) vient d'être lancée. Elle doit, notamment, déterminer à qui reviendra le soin de décerner le futur label. Les premières colos labélisées seront expérimentées à l'été 2014.

Colo

Le phénomène. Un récent rapport parlementaire, sur lequel s'est basée la ministre, avait déjà dénoncé le coût exorbitant des séjours, allant de 400 à 600 euros par enfant en moyenne pour une semaine. Résultat, poursuivait le document : le taux de départ des 5-19 ans en séjours collectifs de plus de cinq nuits était en 2011 de 7,5%, contre 14% en 1995. Et un quart des 5-19 ans ne partent jamais en vacances, soulignait-il.

La "taxe hôteliers" enterrée. Pour réduire ce phénomène, le rapport avait bien évoqué l'idée d'un label. Mais pas seulement. Le rapport proposait aussi de rétablir une taxe sur l'hôtellerie de luxe, afin de financer un "fonds national d'aide au départ en vacances collectives". "Huit euros de taxe ne dissuaderont pas les personnes qui ont les moyens de payer 400 euros pour une chambre d’hôtel", avait alors défendu le député socialiste Michel Ménard, auteur du rapport dans un entretien à Ouest-France.

Mais, face à la fronde des hôteliers vent debout, la ministre avait finalement décidé d'enterrer la mesure. Contacté par Europe1.fr lundi, Michel Ménard se "réjouit qu'une mission soit créée pour définir le cadre de la colo de demain". Mais il le reconnaît : "un label, ce n'est pas suffisant. J'espère que cette mission prendra en compte la question des moyens de financement des séjours des enfants".