La chute de l’ancien "ostéopathe des stars"

Pierre Pallardy lors d'une émission télévisée sur la RTBF dans les années 1990. © Capture Ecran Youtube
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à

Pierre Pallardy est soupçonné d’avoir abusé 18 patientes. Jugé depuis mardi, il nie les faits.

Le procès. Il était considéré comme LE spécialiste du bien-être en France. Ex-ostéopathe du "tout Paris" et auteur de best-sellers habitué des plateaux télés, Pierre Pallardy comparaît depuis mardi devant la cour d'assises de Paris, accusé de viols ou agressions sexuelles sur 18 anciennes patientes.

Un brillant parcours. Aujourd'hui âgé de 72 ans, Pierre Pallardy se présente sur son site Internet comme un autodidacte orphelin qui a dû, dans sa jeunesse, exercer de nombreux petits métiers pour payer ses études. Sous-lieutenant en Algérie, il deviendra après son retour à la vie civile ostéopathe-kinésithérapeute, "soignant le tout Paris et des personnalités du monde entier". Il cite pêle-mêle Picasso, César, Joseph Kessel ou Marcel Dassault.

La notoriété. Dans les années 1980, Pierre Pallardy accède au statut de vedette. Ses livres, Le chemin du bien-être, Et si ça venait du ventre ?, Plus jamais mal au dos ou encore Le droit au plaisir sont autant de succès en librairie. Avec sa femme, Florence, ils font en 1981 la "Une" de Elle sous le titre : "Le couple idéal de la santé vous donne ses recettes". Dans les années 1990, ils créeront un hôtel-spa sur l'île de Ré.

Les premières plaintes. Mais, à partir de 2004, la situation se gâte. Une patiente porte plainte pour agression sexuelle, classée sans suite. En février 2006, nouvelle plainte d'une autre cliente, qui décrit des attouchements, tentative de pénétration et questions insistantes de nature sexuelle lors de deux rendez-vous au cabinet du praticien, dans le cossu VIIIe arrondissement de Paris. 

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Placé en garde à vue, Pierre Pallardy nie toute relation inappropriée, mais reconnaît que sa technique, "travailler la tête et le ventre", le conduit à demander aux clients de se déshabiller. Il dit se concentrer sur une zone allant "du plexus solaire au plexus de l'utérus placé au dessus des lèvres du sexe et qu'il lui arrive d'avoir un contact avec ces parties du corps". Il reconnaît aussi des "questions intimes", pour éclairer son diagnostic.

Toujours le même scénario.  A partir de ses agendas, les enquêteurs contactent d'ex-clientes. Plusieurs témoignent avoir été elles aussi victimes d'attouchements, voire de viols. D'autres avoir cessé de consulter le praticien après l'avoir trouvé "déviant" ou "libidineux" dès les premières séances. Toutes décrivent à peu près le même scénario : seins nus, Pierre Pallardy leur pratique d'entrée un douloureux massage du ventre qui les laisse sonnées. Ensuite il leur prend les seins dans les mains, les embrasse, se livre à des attouchements sur le sexe, voire tente des pénétrations. Plusieurs racontent avoir tout de même payé la séance - 80 ou 100 euros - après avoir subi des agressions.

Une pratique "autoritaire". Pierre Pallardy, de son côté, a reconnu une pratique "autoritaire" en thérapie et une méthode "directe" dont l'intensité physique pouvait "bouleverser", mais se dit "victime d'affabulations". Et d'affirmer que plusieurs des plaignantes avaient au contraire tenté de "l'aguicher" et qu'il a toujours refusé toute relation sexuelle avec ses clientes. "Mon client conteste les faits, il s'en expliquera devant la cour", souligne son défenseur, Hervé Témime. Treize des victimes se sont constituées partie civile, ainsi que la mère d'une autre, qui s'est depuis suicidée. Pierre Pallardy encourt 20 ans de prison. Le procès est prévu jusqu'au 18 octobre.