La Martinique et la Guyane face au choix de l'autonomie

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Rédaction Europe1.fr , modifié à

Ils se rendent aux urnes au lendemain d'une mobilisation en demi-teinte, à Pointe-à-Pitre.

Un an après les grèves générales, les Antilles sont aux urnes. Les habitants de la Guyane et de la Martinique se prononcent, en effet, par référendum dimanche sur l'éventuel approfondissement de leur autonomie.

Un peu plus de 67.O00 électeurs en Guyane sont invités à dire s'ils souhaitent un passage de leur département (et région) d'outre-mer, soumis aux mêmes règles juridiques que la métropole, à l'article 74 de la Constitution, qui en en ferait une collectivité d'outre-mer pouvant bénéficier dans certaines conditions d'une autonomie accrue. Les 297.000 électeurs martiniquais sont appelés à en faire autant.

Les sondages prédisent une victoire du "non", tant en Martinique qu'en Guyane. Dans ce cas, les électeurs devront retourner aux urnes le 24 janvier pour répondre à une autre question : "Approuvez vous la création en Martinique (ou en Guyane) d'une collectivité unique exerçant les compétences dévolues au département et à la région tout en demeurant régie par l'article 73 de la Constitution ?". En décembre 2003, les électeurs de Martinique avaient répondu non à 50,48% à une question semblable

Les partisans du "oui" voudraient un statut comparable à celui de la Polynésie, qui permet notamment des initiatives législatives.

A la mi-journée, la participation s'établissait à 18,9% des électeurs en Martinique, nettement plus que celle enregistrée pour les municipales de 2008, avec des taux élevés dans les villes de Fort-de-France (22%) ou Schoelcher (30%). Elle était de 17,3% en Guyane.

Nicolas Sarkozy avait annoncé le 26 juin dernier son intention de consulter la population après cinq semaines de grève générale contre la vie chère qui avait perturbé l'activité de l'île en février et en mars, sans toutefois atteindre le niveau de violence qui avait affecté la Guadeloupe voisine.

> Que va changer le référendum?

Les scrutins ne concernent ni la Réunion, autre DOM-ROM, qui a écarté la perspective de tout renforcement de son autonomie normative, ni la Guadeloupe, également DOM-ROM, dont les élus, fortement déstabilisés par la crise sociale de 2009, ont demandé à l'Etat un délai, le temps d'élaborer un "projet de société.

Ces deux scrutins interviennent au lendemain d'une mobilisation mitigée contre la "vie chère" organisée en Guadeloupe par le LKP, collectif à l'origine d'un conflit de 44 jours en 2009. La manifestation a réuni 7.500 personnes, selon la police, et 20.000 d'après les organisateurs.

En exclusivité pour Europe 1, Elie Domota, leader du LKP, avait précisé samedi matin ses revendications au micro d'Emmanuel Faux. Le leader du LKP confirme sa détermination et détaille les raisons du malaise en Guadeloupe. Le LKP reste mobilisé, mais prudent pour la suite des évènements. Concernant l'appel à la grève, il affirme que ses propos ont été déformés :

Aux Antilles, le mécontentement grandit, comme a pu le constater Emmanuel Renard, qui a interrogé des clients à la sortie d'un supermarché et a tenté d'en savoir plus sur les raisons de la vie chère. Un constat s'impose, les prix n'ont pas baissé et les supermarchés ne font rien pour arranger la situation :

 

 

Autre sujet de mécontentement, la hausse de 200 euros des salaires accordés en mars lors de la signature de l’accord Bino. Selon Elie Domota, "sur les 50.000 bénéficiaires prévus, 30.000 risquent d’être exclus de l’accord", notamment parce que "l’Etat a modifié le calcul" de l’augmentation. Bref, "au niveau des prix alimentaires, de l’essence et des salaires, l’Etat est en train de faire marche arrière et de revenir à la profitation", résume Elie Domota, qui prévient : "on ne se laissera pas faire."

Les Guadeloupéens doivent donc se préparer à l’éventualité de vivre à nouveau des jours difficiles. Au grand dam du patronat et des responsables du tourisme sur l’île. "La Guadeloupe est épuisée, on va s’écraser contre le mur", peste Willy Angèle, président du Medef local.