La Corse, l'autre histoire des "fadettes"

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avec AFP , modifié à

Le procureur de la République de Marseille Jacques Dallest s'est défendu lundi d'avoir fait espionner des journalistes dans le cadre de deux enquêtes liées au grand banditisme corse. Il a estimé avoir agi dans le cadre de la loi en se faisant communiquer en 2010 les factures téléphoniques détaillées de deux journalistes du Monde spécialistes des affaires de crime organisé en Corse.

"Mon objectif n'était pas d'espionner des journalistes. Je ne fais qu'appliquer la loi. Il n'y a pas de citoyens au-dessus des lois", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. Dans des articles en date du 24 mai 2009 et du 14 janvier 2010, Jacques Follorou et Yves Bordenave ont publié les auditions de deux suspects qui faisaient nommément allusion aux commanditaires présumés de la tentative d'assassinat ayant visé l'ancien chef nationaliste corse Alain Orsoni et de l'exécution de Richard Casanova, l'un des principaux chefs du gang de la "Brise de Mer".  

Le magistrat a estimé avoir agi en conformité avec la loi du 4 janvier 2010 qui précise qu'il ne peut être porté atteinte au secret des sources des journalistes que si un impératif prépondérant d'intérêt public le justifie. Jacques Dallest a précisé que les articles incriminés avaient contraint les familles des mis en cause à changer de domicile et à déplacer les détenus de prison par crainte de représailles. "Il fallait garantir l'étanchéité de l'enquête judiciaire", a-t-il justifié.

Les investigations ouvertes après la parution des articles ont été closes en décembre 2010 sans permettre d'identifier la ou les sources des deux journalistes. L'opposition a demandé la démission du patron du renseignement français mis en examen dans une autre enquête visant un espionnage présumé de journalistes du Monde qui ont écrit des articles sur l'affaire Bettencourt. Poursuivi pour "atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données et recel de violation du secret professionnel", Bernard Squarcini, chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a reconnu les faits lors d'une audition devant deux juges, tout en niant qu'ils constituent une infraction. Le gouvernement le soutient.