L'angoisse des agriculteurs du Tricastin

En 2008, lors du nettoyage d'une cuve, une solution uranifère a été répandue sur le site et dans les rivières avoisinantes. © Maxppp
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et Nathalie Chevance , modifié à
REPORTAGE -

Nicolas Sarkozy se rend sur ce site nucléaire où un accident a eu lieu en 2008.

En plein débat sur le nucléaire, Nicolas Sarkozy se rendra vendredi dans le Vaucluse et dans la Drôme pour un déplacement et un discours consacrés à la "pérennité de la filière nucléaire". Le chef de l'Etat est notamment attendu à la centrale nucléaire EDF du Tricastin, où il s'entretiendra avec les délégués syndicaux d'EDF et d'Areva.

Mais sur place, ce sont les agriculteurs qui pourraient bien faire entendre leurs inquiétudes. Touchés par la fuite d'uranium sur le site nucléaire en 2008, ils ne sont en effet plus qu'une dizaine d'agriculteurs à vivre à proximité de la centrale. Des irréductibles, un peu mal vus dans les environs parce qu'ils parlent tout haut de leurs angoisses.

"On ne dit pas la vérité"

C'est par exemple le cas de Roger, qui vit sur ses terres depuis 75 ans. De ses fenêtres, il voit les cheminées de la centrale. L'accident de 2008 - une fuite d'uranium dans la nappe phréatique - l'a marqué.

Et même si aujourd'hui les contrôles ne révèlent rien d'anormal, Roger a préféré condamner l'eau de son puits. "L'eau du puits, on ne la boit pas, on ne la donne même pas aux bêtes et on ne lave même pas le linge. On ne dit pas la vérité sur tout ce qui se passe. On sait qu'il faut le nucléaire mais ils le maîtrisent mal. Et on est obligé de vivre là parce que c'est invendable. Autrement on serait parti", confie-t-il au micro d'Europe 1.

La sécurité du parc nucléaire en question

Partir, c'est ce que voudrait aussi Pascal. Pourtant, ce céréalier affirme qu'il n'a rien contre le nucléaire, même si la catastrophe de Fukushima a tout changé. "Si ça arrivait au Tricastin, ça voudrait dire qu'il faut couper l'autoroute, la nationale 7, le TGV, et donc vous avez la vallée du Rhône coupée en deux", prévient-il au micro d' Europe 1.

Le céréalier est par ailleurs préoccupé par "un autre problème". "Ils ont annoncé qu'Areva avait perdu des sous en 2010. Quand on connaît l'Etat des finances de la France aujourd'hui, est-ce qu'on va avoir les moyens de mettre le parc nucléaire en sécurité ?", s'interroge-il.

D'autant que l'autorité de sûreté nucléaire a récemment dressé une liste de 32 points à améliorer pour le Tricastin. Ces agriculteurs posent donc désormais la question : pourquoi pas un référendum sur l'avenir du nucléaire ?