L'Arche de Zoé face à la justice

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avec Chloé Triomphe et agences , modifié à

Le procès de l'ONG s'est ouvert lundi en l'absence de son président, Eric Breteau, et de sa compagne, Emilie Lelouch.

Ils sont six. Six prévenus jugés depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour escroquerie, exercice illégal de l'activité d'intermédiaire à l'adoption et aide à l'entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France. En 2007, par le biais de l'organisation caritative de l'Arche de Zoé, ils avaient tenté de faire venir en France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour.  En réalité, la plupart de ces enfants n'étaient ni orphelins, ni originaires du Darfour. Six membres de l'organisation avaient été condamnés à huit ans de travaux forcés par la cour criminelle de N'Djamena, au Tchad, pour tentative d'enlèvements. Transférés en France, leur peine a été convertie en janvier 2008 en huit ans de prison avant qu'ils bénéficient d'une grâce de la part du président tchadien.  

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Lundi le procès s'est ouvert en l'absence de l'ancien président de l'association et de sa compagne. Cinq ans après les faits, que sont-devenus les protagonistes de l'affaire ?

• Eric Breteau  et Emilie Lelouch : deux grands absents. Le couple a désormais changé d'hémisphère et habite en Afrique du Sud.  Eric Breteau a d'abord tenu une chambre d'hôtes au Cap et convoie désormais des touristes. Sa compagne, Emilie Lelouch, est aujourd'hui circassienne, une artiste de cirque. Sauf coup de théâtre, ils ne seront ni présents au procès, ni même représentés. Dans une récente interview à lexpress.fr, leur avocate avait évoqué leur "sentiment de ne pas avoir été écoutés jusqu'ici, ni par les médias ni par la justice" et leur crainte "que le même phénomène se reproduise devant le tribunal" correctionnel de Paris.

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Alain Péligat : le logisticien. Présent lors de l'expédition, le logisticien de l'équipe est rentré chez lui, en France, à Reims. Il enseigne désormais la conduite sur poids lourds. Sa fonction le plaçant en retrait, il se défend d'avoir été impliqué dans toute décision sur une tentative d'enlèvement. Pour son avocat, l'intention frauduleuse de l'Arche de Zoé n'est "pas du tout établie". Alors qu'ils entendaient participer à une opération humanitaire, les voilà "au rang de voyous", sur le banc des prévenus, souligne-t-il.

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 Philippe Van Winkelberg : le médecin. Le docteur est revenu exercer  "comme avant" dans son cabinet de Castellane, dans les Alpes-de-Haute-Provence.  Les prévenus "ont déjà été largement condamnés" a récemment déclaré son conseil. L'avocat fustige un "bal des faux-culs et des amnésiques", car "tout le monde était au courant" de l'opération. 

• Les autres prévenus. Marie-Agnès Pelleran est toujours journaliste à France 3. Arrêtée par les autorités tchadiennes alors qu'elle couvrait l'opération, elle avait été relâchée en novembre avec deux de ses confrères, le pilote belge et des Espagnols, avant les membres de l'organisation.

 Christophe Letien, est un bénévole, un temps porte-parole de l' ONG.  Lors de l'opération  il était resté en France.

Les familles d’accueil, parties civiles

 En France, l'association avait perçu à l'époque plusieurs milliers d'euros auprès de dizaines de personnes auxquelles était promise l'arrivée, sinon l'adoption, d'un orphelin du Darfour. Au total, 358 familles françaises avaient été impliquées.

Une vingtaine d'entre elles se sont constituées partie civile. L'une des premières à avoir déposé plainte avait estimé que l'association avait abusé de son désir d'enfant, en jouant sur "les sentiments, l'affectif".

Les enfants au Tchad

La condamnation tchadienne des membres de l'organisation s'accompagnait à l'époque de 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts. Une question restée entière malgré la grâce accordée par le régime tchadien et, cinq ans après, les parents des enfants attendent toujours cette aide.

Les équipes d'I-Télé ont rencontré les enfants et leurs familles :

Selon une source proche de la présidence de la République tchadienne, qui fait état de l'exaspération des familles, "le gouvernement français s'était engagé à payer l'indemnisation aux parents de victimes, mais jusqu'à maintenant rien n'a été fait". La France a toujours nié cet accord, affirmant ne rien devoir au Tchad.