Krombach : la détresse du frère de Kalinka

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avec AFP
Il a imploré son ancien beau-père, Dieter Krombach, de s’expliquer sur la mort de sa sœur.

C’est en larmes que Nicolas Bamberski, le frère de la jeune Kalinka, a livré vendredi à la cour d'assises de Paris son témoignage. Une intervention au cours de laquelle il a exprimé sa détresse face au mystère de la mort de sa soeur et pour implorer Dieter Krombach, son ex-beau-père accusé, de "s'expliquer".

 

Comment peux-tu dire : "c'est comme ça" ?

 

Venu une première fois devant la cour d'assises de Paris en 1994, Nicolas Bamberski avait dû affronter un box des accusés vide et un report du procès de Dieter Krombach, poursuivi pour le meurtre de sa soeur. Cette fois, le médecin allemand est à quelques mètres de lui, derrière la vitre du box, et le frère de la victime, quadragénaire à l'allure juvénile, n'hésite pas à s'adresser directement à lui, la voix étreinte par l'émotion.

 

"Pourquoi tu n'as pas utilisé l'influence que tu avais dans cette ville de Lindau (Allemagne, ndlr) pour éclaircir (la mort de Kalinka, ndlr) ? La santé, c'est ta spécialité, pourquoi ne pas avoir utilisé tes connaissances ? Comment peux-tu avoir juste dit : "c'est comme ça" ?"

 

"J'ai rien fait de mal à ta sœur"

 

Son ex-beau-père, âgé de 75 ans, ne perd rien de ses paroles et lorsque la présidente lui propose de s'exprimer, Dieter Krombach fixe Nicolas Bamberski pour répondre dans un français teinté d'accent: "C'était très bien avec toi, on s'entendait très bien. Les quatre enfants, vous étiez une grande joie. Je t'assure, j'ai rien fait de mal à ta soeur, je regrette cette fin, je l'aimais, on a pleuré ensemble avec ta mère".

"Est-ce qu'elle est morte après les piqûres que tu lui as faites ?", insiste Nicolas Bamberski. "Ca n'a rien à voir avec ça, à 100%", répond l'accusé. Sa soeur Kalinka a été retrouvée morte dans son lit au matin du 10 juillet 1982, dans la maison de Lindau où elle vivait avec sa mère et son frère aux côtés de son beau-père et des enfants de celui-ci. Des traces d'injection ont été relevées sur son bras droit.

 

Un frère inconsolable

 

"Les premières années, j'ai pensé que c'était une mort inexpliquée, que c'était arrivé et puis point", raconte Nicolas Bamberski. "Et puis le doute s'installe et nous en sommes là". La confrontation est d'autant plus douloureuse que les deux années passées à Lindau lui laissent "de bons souvenirs", auprès d'un beau-père "gentil", qui se fait fort de gâter les enfants Bamberski comme les siens.

"Aujourd'hui, je voudrais que vous éclaircissiez, que Dieter éclaircisse toutes les anomalies dont vous avez entendu parler", poursuit le frère de la victime face à la cour. Pris par les sanglots, il doit interrompre son récit à plusieurs reprises, notamment lorsqu'il se remémore la dernière soirée, au cours de laquelle il s'était "chamaillé" avec sa soeur et avait refusé qu'elle dorme dans sa chambre. "Le truc d'après dont je me souviens, c'est les sirènes", poursuit Nicolas : Kalinka est morte. "Je me suis ensuite distancié de tout ça. Je n'en ai pas beaucoup parlé ni avec mon père, ni avec ma mère", confie cet ingénieur qui vit aux Etats-Unis. "Ca ne veut pas dire que je n'y pensais pas".