Kerviel peine à démontrer le "complot"

Jérôme Kerviel a peiné lundi pour convaincre la Cour à l'entame de la deuxième semaine de son procès en appel.
Jérôme Kerviel a peiné lundi pour convaincre la Cour à l'entame de la deuxième semaine de son procès en appel. © Reuters
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Frédéric Frangeul avec AFP
La cour n’a pas jugé probants les documents produits lundi par l’ancien trader de la SocGen.

"La cour n'a rien vu de nouveau". L’ancien trader de la SocGen, qui se dit victime d’un complot de la part de son ex-employeur, a peiné devant la cour lundi pour défendre le bien-fondé de sa position. La cour n'a en effet pas jugé probants lundi les documents produits à l’appui de sa défense, à l’entame de la deuxième semaine de son procès en appel.

Jérôme Kerviel été condamné en première instance, en 2010, à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Mercredi dernier, au deuxième jour d'audience, l’ancien trader avait déclaré que sa hiérarchie l'avait sciemment laissé prendre d'énormes positions spéculatives afin de pouvoir masquer le moment venu les pertes de la banque liées à la crise des "subprimes", ces crédits hypothécaires américains très risqués.

"Que ce monsieur vienne débattre devant nous"

A l’appui de sa thèse, la défense de Jérôme Kerviel a produit lundi un courrier et un tableau de relevés bancaires. Mais la présidente du tribunal, Mireille Filippini, a regretté que les pièces fournies ne concernent que des opérations de janvier 2008, juste avant l'éclatement de l'affaire, et non de l'année 2007. Selon elle, l'analyse fournie par l'auteur du courrier était "assez obscure" et semblait se fonder "sur la rumeur".

"Peut-être que je ne suis pas assez intelligente pour comprendre ce qui est écrit", a ironisé la présidente. Précisant toutefois : "je veux que ce monsieur vienne débattre devant nous". Mireille Filippini en également demandé que la défense fournisse le nom de ce témoin resté jusqu'alors anonyme.    

"La Cour a mal vu", selon Me Koubbi

Me Koubbi a alors livré l'identité de cet homme qui, dit-il, travaille pour la société de courtage Newedge, une filiale de la Société Générale. Un créneau a été dégagé pour l'entendre jeudi matin.  Le trader qui avait "débouclé", c’est-à-dire soldé, les positions de Jérôme Kerviel en janvier 2008, lorsqu'elles frôlaient la somme hallucinante de 50 milliards d'euros, devrait également venir témoigner ce jour-là.

"Si la cour ne voit rien de nouveau dans ces documents, c'est que la cour a mal vu", a tenté de répondre Me Koubbi à une présidente très énervée, qui lui a reproché cette façon de produire à la dernière minute de nouveaux documents.

"On n’est pas dans une partie de poker"

Même si la défense venait à avoir d'autres documents à exposer, il serait "totalement impossible" de les prendre en compte. "C'est terminé maintenant!", a mis au point la présidente. "On n'est pas dans une partie de poker!", a renchéri l'avocat général, Dominique Gaillardot.  Le procès est prévu jusqu'au 28 juin.