Karachi : la version de Villepin

Dominique de Villepin a été entendu jeudi par le juge Van Ruymbeke
Dominique de Villepin a été entendu jeudi par le juge Van Ruymbeke © REUTERS
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avec Pierre Rancé et agences , modifié à
Villepin aurait confié jeudi au juge ses "convictions très fortes" quant aux rétrocommissions.

Une nuée de journalistes attendait jeudi soir Dominique de Villepin à la sortie du pôle financier de Paris où il a été auditionné par le juge Renaud van Ruymbeke. "J'ai indiqué au juge qu'il ne pouvait y avoir à mon sens aucun lien entre l'attentat de Karachi et l'arrêt décidé par le président Jacques Chirac du versement des commissions", a déclaré à sa sortie l’ancien Premier ministre.

"Des convictions très fortes"

Mais au cœur du dossier, le juge, en charge du volet financier de l'affaire Karachi, cherche notamment à établir si des faits de corruption, comme un système de commissions et de rétrocommissions qui auraient pu permettre notamment de financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, étaient cachés derrière des contrats de vente d'armement. Un aspect sur lequel Dominique de Villepin n’est pas revenu dans sa courte intervention face à la presse.

Sur cette question précise, c’est l’avocat des familles des victimes de l’attentat de Karachi qui a glissé quelques interventions. Selon Me Olivier Morice, qui a assisté à l’audition, Dominique de Villepin a bien évoqué devant le juge ses "convictions très fortes" quant à l’existence de rétrocommissions, qui auraient donc existé avant son arrivée aux affaires aux côtés de Jacques Chirac puis auraient cessé ensuite.

Vendredi dernier, Dominique de Villepin avait déjà fait état de "très forts soupçons" de corruption. Des propos qu'il avait confirmés dimanche, tout en précisant qu'il n'y avait "pas de preuve formelle".

Villepin a demandé à être entendu

Dans le bureau du juge, Dominique de Villepin aurait cité des "partis proches" d'Edouard Balladur comme destinataire possible des rétrocommissions. "M. de Villepin a été confronté à un conflit de loyauté : il sait qu'il est capable de mettre des noms de personnes mais ne veut pas mettre ces noms, de peur de mettre en difficulté son courant politique", a décrypté Me Morice, selon qui Dominique de Villepin "était resté silencieux pendant dix minutes" après une question sur la destination des rétrocommissions.

C’est en tant qu’ancien secrétaire général de l’Elysée, aux côtés de Jacques Chirac, que Dominique de Villepin est lié à ce dossier. Et c’est comme simple témoin qu’il a lui-même souhaité être entendu par le juge van Ruymbeke jeudi. "Je souhaite que toute la lumière puisse être faite sur ce drame et que la justice puisse agir en toute indépendance et en toute transparence (…) pour que notre débat politique puisse retrouver toute la sérénité nécessaire", s'est simplement justifié l’ancien Premier ministre à sa sortie du bureau du juge.