Jugée pour délit de solidarité

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le procureur a requis mardi une condamnation " avec dispense de peine" contre la jeune femme poursuivie pour "aide à un étranger en situation irrégulière".

Après deux heures de débats à l'audience, le procureur du tribunal correctionnel de Foix, dans l'Ariège a requis mardi, une condamnation "avec dispense de peine" à l'encontre de Claudine Louis.

Cette femme de 50 ans comparaissait pour avoir hébergé chez elle un jeune Afghan de 16 ans avant de l'abandonner à la préfecture quatre mois plus tard. Poursuivie pour "aide à un étranger en situation irrégulière", Claudine Louis risquait cinq ans de prison et 30.000 euros d’amende.

L’affaire démarre en 2008. Passionnée par l'Afghanistan, Claudine décide de prendre en charge Obaïdullah, un jeune de 16 ans rencontré dans un square à Paris. Elle le ramène chez elle à Saint-Girons, dans l'Ariège, le fait soigner, remue ciel et terre pour lui trouver des papiers. Très vite, la charge devient trop lourde, Claudine décide alors de déposer l'adolescent à la préfecture de Foix.

C’est d’abord ce geste que lui reprochait le parquet. Pour le procureur, il n’est pas acceptable de ramener quelqu’un chez soi puis de s’en débarrasser auprès des autorités. Mais surtout, à travers cette affaire, le tribunal veut faire jurisprudence.Car la loi n’est pas claire. Les mineurs peuvent ils oui ou non être en situation irrégulière ?

Chaque année en Ariège, une quinzaine de mineurs étrangers sont déposés devant les commissariats ou les préfectures dans l’espoir qu’ils obtiennent des papiers à leur majorité. Le réseau RESF soutient l'action menée par Claudine Louis et fait valoir son devoir de solidarité, estimant que cet enfant mineur ne pouvait être considéré comme un étranger en situation irrégulière en France.

Le jugement a été mis en délibéré au 8 septembre.