Joggeuse: les incohérences de l'accusé

Le tribunal a pointé les invraisemblances de la défense du suspect du meurtre de la joggeuse, Marie-Christine Hodeau.
Le tribunal a pointé les invraisemblances de la défense du suspect du meurtre de la joggeuse, Marie-Christine Hodeau. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Le tribunal a pointé les incohérences du suspect du meurtre de Marie-Christine Hodeau.

Explications "incompréhensibles", "invraisemblances" et mensonges. Les magistrats de la cour d'assises de l'Essonne, chargée de juger Manuel Da Cruz pour le meurtre de Marie-Christine Hodeau, n'ont pas caché leur impatience face aux "trous de mémoire" de l'accusé. Ils l'ont sommé de "dire la vérité". La cour doit rendre son verdict mardi. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans.

Pas de réponses claires aux questions du tribunal

Sur le chemin parcouru à pied entre le moment où Manuel Da Cruz a enlevé Marie-Christine Hodeau et celui où il l'a enfermée dans le coffre de sa voiture, la menaçait-il avec un couteau ? Lui a-t-il ou non attaché les mains dans le coffre, comme il l'a révélé jeudi lors de l'audience, détail qu'il n'avait pas évoqué durant l'instruction? Voulait-il réellement se rendre dans un magasin de bricolage après avoir attaché sa victime à un arbre et être rentré chez lui pour changer de voiture, ou est-il de nouveau tombé sur elle par hasard ? Lui a-t-il volontairement donné un coup de cutter à la tempe avant de l'étrangler ? Autant de questions auxquelles l'accusé n'a pas répondu clairement pendant son procès pour le meurtre de la joggeuse en 2009.

"Je mens souvent"

Me Dominique Polion, avocat de la famille de la victime, évoquait vendredi la "mémoire sélective" de l'accusé. Mercredi, au premier jour du procès, Manuel Da Cruz avait reconnu avoir "beaucoup de défauts : je ne suis pas sincère, je mens souvent".

"Monsieur Da Cruz, il y a dans ce dossier des pans entiers totalement incompréhensibles, de multiples invraisemblances. Ce qui est extravagant, compte tenu que vous avez reconnu l'intégralité des faits", lui a fait remarquer lundi l'avocat général Pascal Le Fur. "Je ne me rappelle plus", "je ne me souviens pas", "je ne sais pas", a fréquemment répondu Manuel Da Cruz au cours du procès.

Une "personnalité manipulatrice"

Une expertise, réalisée par une psychiatre-criminologue et évoquée lors de l'audience lundi, fait état de "dissimulation" et de "traits de personnalité manipulatrice". Un expert-psychologue, qui a examiné l'accusé à deux reprises, décrit pour sa part ne personne qui "dit ce qu'il a envie de dire (...) et n'exprime jamais de sentiment de culpabilité par rapport à ses actes". Quand il évoque sa victime, "il ne dit jamais 'Madame Hodeau', il dit 'la femme'", a expliqué l'expert devant le tribunal.

"Vous avez, monsieur, en face de vous, la famille de la victime, et notamment ses deux frères. Vous ne croyez pas qu'ils ont le droit de connaître la vérité ?" l'a interrogé la présidente Xavière Siméoni. "J'essaie de dire au maximum la vérité. C'est un peu flou", a répondu l'accusé sur le ton monocorde qui est le sien depuis le début du procès.