Jeudi noir : l'expulsion imminente

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avec Martin Feneau et agences , modifié à
La justice ordonne l'expulsion immédiate de l'immeuble de Matignon, occupé depuis décembre.

Une expulsion "immédiate et sans délai". Le tribunal d’instance de Paris, saisi en référé par AXA Assurances, a ordonné mardi matin l’évacuation de l’immeuble du 22 avenue Matignon occupé depuis décembre par le collectif Jeudi noir. "Il suffit maintenant qu'Axa demande le recours de la force publique à la préfecture de police. Nous nous attendons à être expulsés prochainement, peut-être dans la journée", explique un porte-parole de Jeudi noir.

Les CRS "vont devoir casser les portes pour rentrer"

Mercredi matin, les squatteurs sont toujours sur le qui-vive, selon le correspondant d'Europe 1 sur place. Dans le hall de l'immeuble de l'avenue de Matignon, sont renversées tables et chaises, et toutes les issues sont bloquées. "On ne va pas sortir en sifflant, les mecs vont devoir casser les portes pour rentrer", affirme Damien, un jeune squatteur, au micro d'Europe 1.

Le collectif n’entend pas battre en retraite. Dénonçant une décision visant à expulser "des jeunes précaires au cœur de l'hiver", ce porte-parole a ajouté que les occupants comptaient rester sur place en dépit d'une astreinte de 100 euros par jour d'occupation illégale.

Elise Aubry, une squatteuse de 27 ans, avoue avoir "le cœur serré" : "il n'y a pas d'urgence à expulser, et il y a des gens qui sont là et qui n'ont pas de logement", poursuit-elle.

Les réactions se multiplient

Le collectif a reçu le soutien de la députée PS de la Moselle Aurélie Filippetti. L'élue a demandé à Brice Hortefeux de ne pas faire évacuer le bâtiment et dénoncé une décision qui serait "une provocation supplémentaire envers la jeunesse non héritière et mal logée de notre pays".

Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France, et Emmanuelle Cosse, vice-présidente chargée du logement (Europe Ecologie-Les Verts) "demandent au gouvernement d'augmenter significativement la taxe sur les logements vacants (TLV) pour les communes de plus de 200.000 habitants et d'instaurer un droit d'expropriation des logements en état de vacance anormalement longue".

"La jeunesse française est aujourd’hui condamnée à la débrouille, au canapé des copains, au squat ou à la rue, sans que quiconque ne sourcille dans l’équipe du président Sarkozy" a surenchéri Cécile Duflot, secrétaire nationale d'EELV.

Un bâtiment inoccupé depuis trois ans

Une trentaine de personnes occupaient depuis le mois de décembre le bâtiment de huit étages, vide depuis trois ans et situé à deux pas de l'Elysée. Par cette action symbolique, ils voulaient dénoncer la crise du logement.

L'assureur a évoqué des problèmes de sécurité pour réclamer leur départ, selon le porte-parole de Jeudi noir. Quant au recours de la force publique, il pourrait être demandé par Axa. Cela dépendra "du Collectif et de sa volonté de quitter volontairement" le bâtiment, précise le propriétaire.