Jean-Noël Guérini lâche Alexandre

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Plana Radenovic , modifié à
L’élu PS des Bouches-du-Rhône est poursuivi pour association de malfaiteurs avec son frère.

Pour la première fois, Jean-Noël Guérini lâche son frère. Il l'a fait devant les juges, lors de son audition jeudi dernier, dont Le Parisien a pu consulter le procès-verbal. Alexandre Guérini, chef d’entreprise spécialisé dans les déchets, est mis en examen pour des marchés présumés frauduleux. Un dossier qui implique également Jean-Noël Guérini, notamment mis en examen, lui, pour associations de malfaiteurs, avec son frère.

"Monsieur Frère" au conseil général

Depuis début 2009, les gendarmes marseillais ont enregistré des dizaines d’heures d’écoutes téléphoniques, qui prouvent qu’Alexandre Guérini ne cesse de téléphoner aux élus des Bouches-du-Rhône. Sans autre titre que son surnom de "Monsieur Frère", il ne cesse de leur donner des ordres et de demander des faveurs. Des"immixtions sans titres" qui valent notamment à Jean-Noël Guérini sa mise en examen pour "associations de malfaiteurs".

Des pratiques que l’élu socialiste, en retrait de son parti depuis la semaine dernière, a condamné devant les juges : "Le jour où j’ai appris que mon frère téléphonait, j’ai pris une colère (...) Je condamne les coups de téléphone de mon frère, je condamne les initiatives prises par mon frère, je trouve ça anormal", affirme-t-il. Et de questionner : "Ai-je donné des instructions à quiconque pour que mon frère soit traité comme un décideur et un donneur d’ordre ? Pensez-vous que les fonctionnaires du conseil général qui ne sont pas des endormis ou des passifs incompétents et soumis comme j’ai pu le lire dans la presse, aient accepté de satisfaire aux fantaisies téléphoniques de mon frère, franchement je le crois pas".

"J'ai travaillé toute ma vie honnêtement"

Enfin, sur le nom du mystérieux contact qui l’avait averti de l’ouverture de l’enquête concernant son frère, Jean-Noël Guérini a joué le trou de mémoire. "Je ne sais plus de qui je détiens ces informations", a-t-il affirmé aux magistrats. Il a juste daigné leur indiquer que ce contact, qui lui avait fourni cette information en 2009, n’était pas Bernard Squarcini, le patron du contre-espionnage français.

Lorsqu'il a su que son frère était l'objet de cette enquête, Jean-Noël Guérini avait alors dit à Alexandre : "au bout de trois ans, il y a prescription". Sur cette phrase, il a expliqué aux enquêteurs que son frère "sortait d’un contrôle fiscal très sévère et c’est à ce propos que je lui ai dit qu’il y avait prescription".

Bref, l’élu socialiste nie en bloc les faits qui lui sont reprochés, allant même jusqu’à surjouer l’innocence. "Je le dis avec gravité : j’ai travaillé toute ma vie honnêtement, si j’avais mis la main dans le pot de confiture, j’aurais dit monsieur le juge, vous avez raison. Mais association de malfaiteurs, pourquoi cela ?", a-t-il déclaré aux enquêteurs.