Islamophobie : affiches bannies du métro

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avec Sipa , modifié à

Après le rejet de ses affiches de campagne par la régie publicitaire de la RATP, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) constate que "les unes d'hebdomadaires stigmatisant les musulmans n'ont pas posé de problème" et dénonce "un contexte médiatico-politique qui rejette toute image normale de l'islam".

Le 31 octobre, le CCIF lançait sa dernière campagne sur le thème "Nous (aussi) sommes la Nation". Destinées à "combattre les idées reçues à l'égard des Français musulmans", les trois affiches de la campagne mettaient en scène, l'une des photos d'identité d'hommes et de femmes dont certaines portant un voile sur leur cheveux, l'autre une famille française où la mère porte le foulard, la troisième revisitant la scène historique du Jeu de paume, avec des représentants des trois religions monothéistes. 

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"Ce n'est pas une campagne politique mais citoyenne"

Mais alors que le CCIF espérait bien diffuser ces affiches dans les couloirs du métro parisien, Média Transports, la régie publicitaire de la RATP, y a opposé son refus. "Le caractère confessionnel des visuels ne peut être contesté en ce que les trois visuels utilisent des signes religieux", s'est justifié le PDG de Média Transports, Gérard Unger, dans une lettre au CCIF. D'autre part, a-t-il expliqué, "le slogan 'Nous sommes la Nation' et l'utilisation d'un emblème de la nation française qu'est le drapeau français relèvent du politique et d'une revendication politique". Et d'invoquer "les obligations de neutralité et de respect de laïcité" incluses dans le contrat qui lie la régie publicitaire à la RATP.

Des explications qui font bondir le CCIF. "Ce n'est pas une campagne politique mais citoyenne", affirme un des responsables de la campagne à Sipa. "Il s'agissait simplement de déconstruire des clichés liés aux musulmans et d'affirmer qu'on peut être à la fois musulman et citoyen français". Quant au prétendu message religieux, le CCIF argue qu'il s'agit "de lutter contre l'islamophobie, en aucun cas de faire du prosélytisme".

Pour le CCIF, ce refus s'inscrit "dans un contexte où le système médiatico-politique stigmatise les musulmans". Le collectif en veut pour preuve les récentes unes d'hebdomadaires comme L'Express ou Le Point, représentant des femmes voilées, qui n'ont eu aucun problème à se voir afficher dans les couloirs du métro parisien. "On en conclut que quand il s'agit de mettre une musulmane voilée dans une position de soumission ou de danger, ça ne pose pas de problème, mais quand il s'agit d'en montrer une image normale, épanouie, ça gêne", explique le CCIF à Sipa. S'estimant "lésé" par le refus de Media Transports qui a empêché sa campagne d'avoir l'impact souhaité, le collectif n'exclut pas un recours juridique.

Le CCIF "a été créé en 2003 en réaction à l'islamophobie rampante qui gagnait le territoire français", explique le site de cette association qui revendique une "reconnaissance au niveau international" via un partenariat avec l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et son statut de membre consultatif de l'ONU.