Incendie Bd Auriol : le procès suspendu

© MAXPPP
  • Copié
avec Sébastien Guyot , modifié à
Les familles des 17 morts dans le feu d’un immeuble à Paris, en 2005, crient à la désinvolture.

Moins de trois heures après l'ouverture de l'audience, la séance a été suspendue. La présidente du tribunal, Jacqueline Rebeyrotte, a donné rendez-vous jeudi après-midi pour la suite du procès. Elle a précisé aux avocats que le procès, prévu au départ sur deux jours seulement, serait rallongé d'une demi-journée, vendredi.

Du côté des proches des victimes, la déception était forte. "Les familles pensaient qu'elles auraient la parole dès aujourd'hui", a indiqué Kanouté Tapa, porte-parole des familles. "On est dans l'improvisation absolue", a déploré, de son côté, Me Jean-Marc Florand - avocat de plusieurs des 46 parties civiles -. Il a dénoncé le "traitement extrêmement désinvolte dans un dossier où il y a eu 17 morts".

Trois femmes et 14 enfants, originaires d'Afrique de l'ouest, avaient péri dans l'incendie de cet immeuble du 20, boulevard Vincent Auriol, à Paris, dans la nuit du 25 au 26 août 2005. Le bâtiment était vétuste.

"J’avais tiré la sonnette d’alarme"

Près de six ans après le drame, les auteurs l’incendie n’ont toujours pas été retrouvés. Et ce, alors que l'enquête a montré que l'incendie était d'origine criminelle. En revanche, une association émanant d'Emmaus, la FREHA, et une société ayant effectué des travaux dans l'immeuble, sont mises en cause dans cette affaire. Elles comparaissent pour homicides et blessures involontaires par imprudence et négligence.

Cinq mois avant le drame, Atouma Diarra avait alerté les pouvoirs publics. Immeuble vétuste, risque d'incendie. Il faut intervenir, avait-elle prévenu. "J’avais tiré la sonnette d’alarme, mais on ne m’a pas écoutée", confie la jeune femme sur Europe 1. "C’est une faute qu’ils ont faite, une très très grosse faute", estime-t-elle, précisant que "des lettres avaient été envoyées" pour prévenir.

"J’ai perdu la moitié de ma famille"

"Ils ont commencé plusieurs fois des travaux, puis les ont arrêtés. Ils savaient qu’il y avait un risque. Et cinq mois après j’ai perdu la moitié de ma famille", se désole-t-elle. La jeune femme malienne, alors âgée de 20 ans, a, en effet, perdu neuf membres de sa famille, dont sa petite fille de 3 ans.

Le feu, parti des poussettes au rez-de-chaussée, s'est notamment propagé à cause des contreplaqués posés cinq ans plus tôt. Des contreplaqués non conformes aux normes anti incendies. La FREHA, l’association émanant d'Emmaus, aujourd'hui sur le banc des prévenus, avait agi pour éviter que les enfants n'attrapent le saturnisme, selon son directeur Antoine Patier.

"Nous abordons le procès avec inquiétude"

"Nous avons cru bien faire en posant ces contreplaqués, peut-être avons-nous eu tort", s’interroge Antoine Patier. "Nous abordons le procès avec inquiétude. Nous qui avons été créés et travaillons depuis vingt ans pour les personnes mal-logés, pour nous c’est un drame absolu".

"Porter cette responsabilité nous semble injuste" :

Mais pour Atouma Diarra et les autres familles des victimes, la FREHA et l'entreprise qui a posé les contreplaqués doivent assumer. Même si elles auraient préféré une enquête plus aboutie et un procès en assise avec le ou les auteurs de l'incendie.