"Ils ont l'impression d'être abandonnés"

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avec agences , modifié à
Le tribunal de Bobigny a condamné vendredi sept policiers à des peines de prison ferme.

Sept policiers jugés à Bobigny pour avoir accusé à tort un homme ont été condamnés vendredi à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Cette peine sera inscrite au casier judiciaire pour cinq d'entre eux. Ils seront donc radiés de la police.

Le parquet fait appel

Leurs peines vont bien au-delà des réquisitions demandées par le parquet, qui avait réclamé des peines assorties de sursis, trois mois contre trois policiers et six mois contre les quatre autres. Le parquet de Bobigny a d'ores et déjà annoncé qu'il faisait appel de la condamnation.

Cette décision de justice a été très mal accueillie du côté des policiers. Une fois connue la condamnation de leurs collègues, une cinquantaine de véhicules de police ont convergé vers le tribunal, toutes sirènes hurlantes. Les syndicats de police ont vivement protesté et organisé une manifestation réunissant près de 200 personnes.

Une "déclaration de guerre à la police"

Une manifestation qui a choqué la classe politique. Mais pour Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police, "cette manifestation n’est pas pas comprise. C’est pour ca qu’elle choque. Ce n’est que l’expression d’un malaise plus profond", a-t-il assuré. L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) a réagi en qualifiant "d'ahurissantes" les réactions du ministre de l'Intérieur, du préfet Christian Lambert et des syndicats de policiers.

Pour le syndicat Synergie-officiers, cette condamnation constitue une "déclaration de guerre à la police" par les juges. "Au-delà des sept policiers de Bobigny qui ont fauté, ce sont bel et bien tous les policiers de France qui prendront ce verdict incroyable comme un camouflet à leur encontre ", déclare le syndicat dans un communiqué.

"Aucun policier dit qu’il ne devait pas y avoir condamnation pour des policiers, s'ils sont reconnus coupable de quelque chose. Le problème n’est pas là", a tenté d'expliqué Nicolas Comte. "Ce qui pose problème, ce n’est pas la condamnation, mais la hauteur de la condamnation dans un tribunal qui n’est pas toujours réputé par sa sévérité", a-t-il précisé.

Les policiers ont l'impression d'être abandonnés de tous :

3 policiers ont reconnu avoir menti

A Aulnay-sous-Bois, le 9 septembre dernier, un policier avait été blessé à la jambe, percuté par une voiture après une course-poursuite. Lui et ses collègues avaient alors menti et accusé dans leur procès-verbal le conducteur de la voiture qu'ils poursuivaient. Mais, pendant sa garde à vue pour tentative d'homicide sur fonctionnaire de police, le conducteur avait nié. Et, au fil des heures, les témoignages des policiers s'étaient effondrés : ils ont fini par reconnaître que des collègues d'une seconde voiture étaient à l'origine de l'accident.

A la barre, seulement trois policiers avaient reconnu avoir menti et affirmé qu'ils s'étaient concertés pour établir un faux procès-verbal.