Ikea France fait son mea culpa

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avec AFP , modifié à
La filiale française du géant suédois va lancer une vaste réforme, après l'affaire d'espionnage.

Ikea France reconnaît des "pratiques intolérables". La filiale française du géant suédois du meuble a fait son mea culpa vendredi après l'affaire de surveillance de clients et collaborateurs et a également annoncé une réforme de sa gouvernance pour restaurer une confiance entachée par cette affaire.

"Nous avons fait le constat qu'il y a eu des pratiques chez Ikea France qui ne sont pas à la hauteur ni de nos valeurs, ni de nos standards éthiques", a déclaré le directeur général d'Ikea France, Stefan Vanoverbeke, dans un entretien à l'AFP. Il s'agit de "pratiques dans le champ de la recherche de renseignements sur la vie privée", a-t-il reconnu. Elles ont été mises en évidence par une enquête interne lancée par Ikea France, après des révélations du Canard Enchaîné fin février sur des pratiques de "flicage" de son personnel et de clients. "Ces pratiques sont inacceptables et je les regrette sincèrement", a insisté le directeur général.

Une charte éthique

Stefan Vanoverbeke a annoncé au passage le lancement d'un vaste chantier réformant le mode de gouvernance d' Ikea France destiné à redorer une image écornée par cette affaire. Ce plan se décline en quatre points sur lesquels un groupe de travail doit se pencher au cours des trois mois à venir, comprenant notamment la "mise en œuvre d'une charte éthique" destinée à "clarifier le comportement attendu" des collaborateurs d'Ikea, a précisé l'entreprise dans un communiqué.

Il prévoit également une "révision du modèle de gouvernance pour plus de clarté" ainsi que des procédures de recrutement qui devront être "en accord avec les valeurs d'Ikea" et "transparents vis-à-vis des candidats". La maison mère d'Ikea, qui a lancé un travail sur le renouvellement de sa charte, a accepté de faire de la France "un pays pilote", a souligné Stefan Vanoverbeke. Ikea France tient vendredi un comité central d'entreprise, à l'occasion duquel sera abordé avec les organisations syndicales la mise en application de ce plan dans le but de les y associer, a indiqué le directeur général.

"Utilisation frauduleuse de données personnelles"

Ikea France est toujours sous le coup d'une enquête préliminaire du parquet de Versailles pour "utilisation frauduleuse de données personnelles", confiée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Elle a été ouverte après une plainte contre X déposée par le syndicat Force ouvrière (FO).

Dans le cadre de cette enquête, le siège d'Ikea France à Plaisir dans les Yvelines a été perquisitionné mi-mars, de même que le domicile du responsable du département gestion du risque du groupe mis en cause dans cette affaire. Le groupe a de son côté décidé de mettre en disponibilité ce dernier ainsi que deux autres cadres mis en cause, parmi lesquelles figurent Jean-Louis Baillot, directeur général d'Ikea France de 1996 à fin 2009.  A ce titre, Stefan Vanoverbeke a annoncé qu'une "décision" sera prise concernant les personnes impliquées ou mises en disponibilité.

En revanche, Stefan Vanoverbeke n'a pas souhaité évoquer cette nouvelle affaire rapportée par le site d'information Mediapart mercredi, selon lequel un magasin Ikea de la banlieue parisienne "arrosait" de "bons cadeaux" des policiers locaux, auprès desquels un de ses responsables récupérait des informations sur des employés.