INFO E1 - Du champ de bataille au stade

Après avoir combattu côte-à-côte en Afghanistan ou au Liban, soldats américains, français ou encore canadiens se retrouvent pour un tournoi sportif dédié aux blessés de guerre.
Après avoir combattu côte-à-côte en Afghanistan ou au Liban, soldats américains, français ou encore canadiens se retrouvent pour un tournoi sportif dédié aux blessés de guerre. © REUTERS
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avec Aude Leroy , modifié à
 - Des soldats français blessés retrouvent samedi leurs camarades étrangers pour un tournoi sportif.

Ils sont revenus blessés d’opérations extérieures mais ont décidé de repartir défendre la France d’une autre manière. Chaque année, le camp des Marines de Pendleton, en Californie, accueille un tournoi opposant les soldats revenus blessés du champ de bataille.

350 militaires vont s’affronter pour l’édition 2012, dont 200 soldats américains et cinq Français. L’occasion pour eux de représenter leur pays mais aussi d’échanger avec des soldats qui ont vécu les mêmes difficultés.

Blessés mais compétiteurs

Il y a trois ans, au Liban, une mine défigure l'adjudant Travadon et lui arrache la main droite. C'est désormais un "cabossé", comme il le dit lui-même. S’il participe à ces jeux interarmées, c'est justement pour porter haut les couleurs des blessés de l'armée de terre française.

"C’est un devoir, je vous le dis franchement, je n’y vais pas pour moi. J’y vais pour tout donner, pour ceux qui ne sont plus là et ceux qui sont en train de combattre", témoigne-t-il pour Europe 1.

Son objectif ? "Tout donner pour les autres, pour montrer qu’un blessé ça revit, ça recourt, ça rebouge. Voilà l’exemple pour le blessé qui combat aujourd’hui sur son lit d’hôpital et se dira ‘demain ce sera moi’", poursuit l'adjudant Travadon, avant d’ajouter : "j’aurai une pensée très forte pour les enfants qui ont perdu leur papa".

"On se remet en cause soi-même"

Parmi la dizaine de disciplines proposées, l'adjudant Rebujent a choisi le vélo. Mais ce dernier ne se rend pas aux Etats-Unis pour se divertir : il s’agit pour lui d’une préparation aux jeux paralympiques. Au-delà du test sportif, cet ancien d'Afghanistan, blessé à la jambe il y a sept ans après que sa voiture a sauté sur une mine, va vivre une expérience humaine.

"On va dire que j’ai une jambe et demi. Quand on concourt à côté d’autres athlètes qui sont soit amputés soit double amputés… on se repose certains questions, on se remet en cause soi-même par rapport à nos blessures", confie-t-il.

En effet, au-delà du sport, c'est une fraternité d'armes dépassant les nationalités que vont chercher ces cinq Français en Californie. Une expérience collective comme celle qu'ils ont connue sur le terrain quand, par exemple, un hélicoptère américain évacue des blessés anglais, eux-mêmes soignés par des médecins français.