Hôpital : comment soigner les urgences ?

Des patients bloqués dans les couloirs, des heures d’attente, des médecins plus occupés à trouver des lits qu’à soigner les malades, les urgences sont dans l’impasse.
Des patients bloqués dans les couloirs, des heures d’attente, des médecins plus occupés à trouver des lits qu’à soigner les malades, les urgences sont dans l’impasse. © MAXPPP
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Damien Brunon et Anne Le Gall , modifié à
Les professionnels de l’urgence ont rendu un rapport à la ministre la Santé lors d’une rencontre lundi.

Il y a urgence. Des patients bloqués dans les couloirs, des heures d’attente, des médecins plus occupés à trouver des lits qu’à soigner les malades, les urgences sont dans l’impasse. C’est en somme le constat que pose le rapport du professeur Carli pour la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Les seize pages de ce rapport préparé par l’équipe de la commission nationale des urgences hospitalière (CNUH) pointe du doigt les problèmes d’organisation des urgences à l’hôpital. Un patient sur cinq qui y entre doit y rester pour des soins. Le problème, c’est qu’il est très difficile de lui trouver un lit.

Perte de temps. La conséquence de la problématique, c’est le temps passé par les médecins à trouver une place pour un patient dans un service après les urgences. Pour chaque malade, c'est de 2 à 20 coups de téléphones aux différents chefs de service que doivent passer les médecins. Selon le communiqué de Marc Giroud, le président de Samu-Urgences de France, c’est environ un tiers du temps des urgentistes qui part en fumée de cette manière.

“C’est la première fois que le véritable problème pour lequel on se bat depuis des années est mis sur la table. Les hôpitaux ne travaillent plus qu’avec un certain nombre de lits qui font que les patients n’ont plus de place pour être hospitalisés et qu’ils attendent sur des brancards”, confirme le médecin urgentiste Patrick Pelloux, au micro d’Europe1. “Certains services d’urgence de la région parisienne ont doublé leur mortalité parce que des personnes en fin de vie ont du mal à trouver de la place pour être hospitalisées”, poursuit-il

Le vrai problème des urgences "enfin mis sur la...par Europe1fr

Meilleure gestion. Parmi les solutions concrètes à développer, le rapport du professeur Carli propose la mise en place de gestionnaires de lits afin que le travail logistique ne tombe pas dans les mains des médecins. Lors de la remise du rapport, la ministre a annoncé que 162 établissements allaient tester le dispositif sur les trois prochaines années.

Le rapport évoque la mise en place de salons de sortie comme il en existe au CHU de Metz. Les patients qui doivent rentrer chez eux n’attendent plus leurs familles dans leur chambre avant de sortir, mais dans un salon. Les services peuvent alors récupérer la chambre plus tôt. Pour un hôpital de 500 à 600 lits, cela permettrait de libérer 7 à 8 lits chaque matin en moyenne selon le rapport.

Le rapport préconise également la création d'unités polyvalentes affectées à l'évolution prévisible (saisonnière) des urgences et donc la mise en place de lits polyvalents dans les établissements. Il propose enfin l'instauration de consultations spécialisées non programmées pour les patients adressés par leur médecin traitant afin de contourner les services d'urgences.

Des moyens. Au-delà des idées, les urgentistes attendent aussi des moyens pour mettre en place cette nouvelle organisation. C'est notamment pour cela qu'ils maintiennent la pression sur la ministre. Dans 15 jours, un bon nombre d'entre eux ont prévu de faire une grève du zèle : ils soigneront les malades aux urgences mais ne s'occuperont plus de leur trouver des lits dans les services. Les directeurs d'hôpitaux devront alors se débrouiller. Lors du rendu du rapport,