Gynécos, pédiatres, ophtalmos : des dépassements d'honoraires en hausse

Depuis juillet 2012, 45 % des gynécologues, ophtalmologistes et pédiatres ont augmenté leurs prix
Depuis juillet 2012, 45 % des gynécologues, ophtalmologistes et pédiatres ont augmenté leurs prix © MAXPPP
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Thomas Morel
Pour l'UFC - Que Choisir, la tentative gouvernementale d'enrayer l'augmentation des tarifs des spécialistes n'a pas abouti.

L'info. Où s'arrêtera la hausse des dépassements d'honoraires ? Selon une étude publiée mercredi par l'UFC - Que Choisir, les tarifs pratiqués par certains spécialistes ont augmenté de 1,7 % depuis un an. Soit presque deux fois plus de l'inflation, qui atteint, elle, tout juste 0,9 % sur la même période, et ce alors même que le gouvernement tentait d'enrayer les dérapages.

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Un spécialiste sur deux a augmenté ses tarifs. L'association de défense des consommateurs a analysé, entre juillet 2012 et juin 2013, les dépassements d'honoraires pratiqués par certains médecins spécialisés, en l'occurrence les ophtalmologistes, les gynécologues et les pédiatres. Les résultats sont édifiants : en l'espace d'un an, 45 % d'entre eux ont augmenté leurs prix, en moyenne de 2,6 euros. "La palme en revient aux pédiatres", s'emporte Alain Bazot, président de l'UFC - Que Choisir, au micro d'Europe 1 : "depuis juillet 2012, leurs dépassements ont augmenté de 7 %". Des hausses qui tiennent certes à la volonté des professionnels d'augmenter leurs prix, mais aussi à l'augmentation des primes d'assurances, de plus en plus coûteuses.

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"La fracture sanitaire s'aggrave". La conséquence, c'est que l'accès aux soins des plus démunis se fait de plus en plus difficile. "Une consultation chez un spécialiste secteur 2 atteint en 2013 52,10€ en moyenne, et 61,50€ dans les grandes villes, soit plus du double du tarif conventionnel", dénonce l'UFC dans son rapport. D'après son président, le risque de voir certains patients ne plus se rendre chez leur médecin est aujourd'hui très élevé : "la fracture sanitaire s'aggrave. On est là dans des niveaux de reste à charge insupportables pour bon nombre de nos concitoyens.

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Le contrat d'accès aux soins mis en cause. Le gouvernement avait pourtant créé, à l'automne dernier, un mécanisme qu'il voulait être un remède aux dépassements abusifs : le "contrat d'accès aux soins" (CAS). Ce CAS permet à un professionnel non conventionné qui s'engagerait à modérer ses prix de recevoir en échange une rémunération complémentaire versée par l'Assurance maladie.

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Pour Alain Bazot, cependant, ce contrat est "une véritable tartufferie". Comme l'association le souligne dans son étude, le CAS se fait en effet sur la base du volontariat, si bien que beaucoup de professionnels ne sont pas intéressés et préfèrent fixer librement leurs tarifs. Un désamour qui se constate dans les chiffres : alors que le gouvernement espérait 8.200 CAS avant l'été, à peine 7.900 ont été signés. "Présenté comme l'alpha et l'omega pour juguler ce fléau que sont les dépassements d'honoraires (...) ce contrat n'a même pas l'effet d'un placebo, et la situation ne cesse d'empirer", regrette le président de l'UFC - Que Choisir.