Guyane : vaste opération "reconquête"

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S.C. avec AFP et Guillaume Biet , modifié à
Les autorités ont pris le contrôle de la zone d'orpaillage, où les militaires ont été tués.

Coup dur pour les chercheurs d'or clandestins. Les autorités ont pris mercredi le contrôle de la zone d'orpaillage clandestin de Dorlin en Guyane, où deux militaires avaient été tués il y a deux semaines lors d'un accrochage avec des orpailleurs illégaux, a annoncé la préfecture de Guyane dans un communiqué.

"Le site de Dorlin (commune de Maripasoula, sud ouest) a fait l'objet aujourd'hui d'une opération de sécurisation réussie", menée "conjointement par la gendarmerie et par les forces armées en Guyane (FAG)", indique le préfet. Selon les informations d'Europe 1, quelque 170 hommes, gendarmes et soldats, étaient engagés ainsi qu'une vingtaine de gendarmes du GIGN.

Pas d'affrontement

L'opération a été déclenchée mercredi matin. "Les premiers éléments sont arrivés en hélicoptère, mais ont été aéro-cordés, c'est-à-dire sont descendus de l'hélicoptère au moyen d'une corde lisse", a raconté à Europe 1 le préfet de Guyane, Denis Labbé. "Il faut imaginer des arbres de 40 mètres de haut, des endroits déforestés pour les moyens de l'orpaillage...", décrit-il.

L'opération s'est déroulée sans affrontement. "Il y avait des orpailleurs qui étaient présents sur le site, mais la présence était peu importante", souligne Denis Labbé, expliquant qu'un "certain nombre de personnes ont dû s'égayer dans la forêt au moment où ils ont entendu les hélicoptères arriver". L'endroit va "rester sécurisé". "Il est prévu aussi une installation progressive d'une société minière légale au cours des semaines qui viennent", ajoute le préfet.

Ce site, haut lieu de l'orpaillage illégal depuis 20 ans, avait été le théâtre le 27 juin dernier d'un violent accrochage au cours duquel deux sous-officiers du 9e RIMA ont perdu la vie et deux autres, de la gendarmerie, ont été grièvement blessés.

Guerre des gangs

La gendarmerie recherche depuis un gang de huit individus identifiés d'origine brésilienne dans le cadre de l'enquête menée en collaboration avec les autorités du Suriname, qui ont renforcé leurs effectifs dans ce secteur frontalier et arrêté 57 orpailleurs clandestins brésiliens la semaine dernière.

Le principal suspect de la gendarmerie, Ferreira Manoel Moura alias Manoelzihno, âgé de 25 ans, le chef du gang que les enquêteurs recherchent toujours, est également soupçonné de meurtre par la justice du Suriname. Son gang est suspecté d'avoir pris le contrôle d'un site d'orpaillage par la violence en janvier en tuant une bande rivale connue pour les mêmes méthodes.

L'enquête sur le meurtre des deux marsouins et la tentative de meurtre contre les deux gendarmes a été confiée à la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Fort-de-France, en Martinique, qui s'est déplacée mercredi en Guyane. Les auteurs de cette embuscade mortelle sont recherchés pour "meurtres en bande organisée et association de malfaiteurs".