Grutier, le meilleur job de Marseille ?

© TOUCHE PAS A MON PORT
  • Copié
, modifié à
Un collectif d’entrepreneurs lance une campagne ironique pour dénoncer le blocage du port.

Une plage de sable blanc, une forêt de cocotiers, une eau turquoise… et des grues métalliques. Voilà le décor de "The best job in the world", le meilleur job du monde, revu et corrigé par l’Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône qui a lancé lundi une campagne au ton mordant pour critiquer la grève sur le port de Marseille.

Un site internet avait été ouvert il y a une semaine déjà, selon les informations recueillies par Europe1.fr. Lundi, la campagne de publicité détournée s’affiche sur une pleine page dans le journal économique Les Echos.

"Touche pas à mon port"

Le collectif qui en est à l’origine s’est baptisé "Touche pas à mon port". Et reprend à son compte le logo, la célèbre petite main jaune que le "Touche pas à mon pote" lancé par l’association SOS Racisme dans les années 1980 pour dénoncer la xénophobie.

Le concept de la campagne, lui, est directement inspiré de la première offre de "meilleur job du monde", en 2009 par la région du Queensland, en Australie. Il s’agissait alors d’être le gardien d’une île paradisiaque sur la Grande barrière de corail pendant six mois. Une offre en forme de campagne de publicité pour le tourisme local.

Derrière le collectif "Touche pas à mon port", se trouvent des "provençaux et marseillais [sic], associations, salariés, entrepreneurs, professions libérales, artisans" agacés par une "poignée de nantis".

Les grutiers, des "nantis" ?

Et le collectif de lister les avantages sociaux dont bénéficieraient les salariés du port de Marseille : "4 000 € par mois, 18 h de travail par semaine, retraite à 55 ans, emploi garanti à vie". Avec même, toujours sur le même ton ironique, une "promotion après grève" qui est évaluée à 450 euros par mois.

Les grévistes n’ont pas commenté dans l’immédiat cette campagne. Ils sont mobilisés d’une part pour protester contre la création d'une filiale pour gérer les terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et de Marseille et d’autre part pour réclamer une cessation anticipée d'activité au titre de la pénibilité.

Un conflit sans solution depuis deux semaines, provoquant des pénuries de carburant notamment en Corse. Et qui risque de se durcir encore avec cette campagne sur le ton de l’ironie.

Mais pour Laurence Parisot, la présidente du Medef, cette provocation a du bon. "C'est une façon de dire ‘attention, le port de Marseille est en danger’, les activités économiques historiques, centenaires, pour ne pas dire millénaires, que Marseille a su engendrer par son port, sont en danger".