"Graves irrégularités" à l’hôpital de Metz

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avec AFP , modifié à
Le chef du service de chirurgie cardiaque, déjà fermé, a été suspendu après un rapport accablant.

Le service de chirurgie cardiaque du centre hospitalier de Metz avait déjà été fermé le 12 octobre après la détection par l'Agence régionale de santé (ARS) de nombreuses anomalies. Cette fois, c'est au chef de service d'être nommément mis en cause : Pierre-Michel Roux a été suspendu vendredi en raison de "graves irrégularités" qui ont conduit à une surmortalité élevée.

"Il apparaît qu'il y avait dans le service de chirurgie cardiaque de Metz, qui fonctionnait en totale autarcie, des réalisations d'actes chirurgicaux multiples non validés, non indiqués, voire franchement délétères, qui ne correspondaient à aucune recommandation sanitaire", a dénoncé le directeur de l'ARS, Jean-Yves Grall, citant le pré-rapport d'une mission d'expertise.

Une surmortalité sans égal

Au lendemain de la fermeture, le chef du service de chirurgie cardio-vasculaire et thoracique du CHR Bon-Secours, le docteur Pierre-Michel Roux, avait justifié cette surmortalité élevée par "la prise en charge de malades à très haut risque chirurgical", un choix handicapant en terme statistique.

"Pour un même niveau de risques, la mortalité est trois fois moindre dans les autres centres hospitaliers français", a dénoncé Jean-Yves Grall. Pour les opérations de remplacement de valves cardiaques, la mortalité s’établit à 21% en 2010, alors que la moyenne nationale est de 6,9%.

Une avalanche d’anomalies

Le pré-rapport liste toute une série de dysfonctionnements : recours systématique à la chirurgie à l'exclusion d'autres traitements, multiplications des actes chirurgicaux lors d'une même opération conduisant à des interventions anormalement longues, importance des chocs sceptiques ou turn-over élevé des praticiens et absences de procédures communes.

"Il y avait par ailleurs de graves irrégularités sur l'activité privée, avec une opacité quant à la réelle information éclairée des patients : nous avons constaté un processus de réalisation qui apparaît non réglementaire, voire illégal", a pointé Jean-Yves Grall.

Le service devrait toutefois reprendre ses activités "dans les prochaines semaines avec une nouvelle équipe de praticiens qualifiés et reconnus", a-t-il indiqué, précisant que "les personnels de l'organisation ne sont pas en cause". Le rapport définitif de la mission d'expertise devrait être connu dans deux mois.