Google fait un pas vers la "taxe Google"

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Jean-Louis Dell'Oro , modifié à
Google ne s'oppose pas à une participation des acteurs du web au financement de la culture.

Le géant de Mountain View ne fera, a priori, pas campagne contre un alourdissement de la fiscalité pour les géants du net en France. "Si les Français veulent faire participer l'Internet au financement de la culture, je n'ai pas de problèmes avec ça", a ainsi confié le président exécutif de Google, Eric Schmidt, dans une interview publiée mercredi dans Libération.

"Je ne suis pas un voleur, je me conforme à la loi", a résumé le patron de Google en réponse à une question sur la "taxe Google".

Une taxe enterrée ?

Cette taxe, à laquelle le Parlement a pour l'instant renoncé, avait à l'origine pour but de capter une partie de la manne publicitaire que récoltent en France les grandes entreprises du web comme Google ou Facebook et qui échappe à la fiscalité française. Mais dans les faits, il s'agissait d'une ponction de 1% sur les annonceurs français qui achètent des espaces publicitaires sur Internet.  

A l'époque, plusieurs entrepreneurs du web s'étaient élevés contre cette proposition. Dans un appel publié dans La Tribune, 67 d'entre eux estimaient qu'une telle taxe allait surtout pénaliser les PME françaises, en particulier face à la concurrence étrangère, dans un marché ouvert et mondialisé. Et sans pour autant taxer les grands acteurs d'Internet visés initialement. Dans un premier temps, fin 2010, le gouvernement avait repoussé de six mois l'entrée en vigueur de la "taxe Google". Mais cet été, l'Assemblée a supprimé l'amendement qui l'instaurait.  

Le gouvernement n'a cependant pas définitivement enterré l'idée de financer la culture en demandant une contribution aux grands acteurs du web. A l'occasion des Assises du numérique, le gouvernement a de nouveau parlé de taxer les géants du net. Cette fois-ci, ce sont les fournisseurs d'accès à Internet qui seraient visés. Une politique fiscale qu'ont vivement critiqué ces derniers dans une tribune publiée dans Le Monde.

Taxe ou emplois

Dans tous les cas, Google ne compte pas interférer dans les choix du gouvernement. "C'est une question de fiscalité et c'est donc aux Etats de décider", a assuré Eric Schmidt. La firme de Mountain View n'a de toute façon aucun intérêt à s'opposer frontalement au gouvernement puisqu'elle n'est pas pour l'instant concernée directement par la taxe qui porte son nom.

Le patron de Google a toutefois tenu à préciser qu'en Irlande, Google "a beaucoup d'activités, car la fiscalité est favorable. Du coup, [il] a créé beaucoup d'emplois". Il a aussi ajouté qu'il préférait "créer des emplois que de payer plus de taxes".

Le message est donc clair : l'Etat français devra choisir entre un alourdissement de la fiscalité et la création d'emplois, alors que Google vient de dévoiler ses nouveaux locaux à Paris. En présence du président de la République Nicolas Sarkozy, Google a inauguré mardi son nouveau siège pour l'Europe du Sud, de l'Est, l'Afrique et le Moyen-Orient, dans lequel il a investi plus de 100 millions d’euros et qui emploiera à terme 500 personnes.