Google attaqué pour son moteur de recherche

Une audience a été fixée mercredi prochain à 10 heures, a annoncé l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman
Une audience a été fixée mercredi prochain à 10 heures, a annoncé l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman © REUTERS
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avec AFP
Des associations françaises demandent le retrait de la saisie automatique du mot "juif".

Lorsque vous tapez le nom d'une personnalité, le moteur de recherche Google associe parfois le mot "juif". C'est pour cette raison que plusieurs associations ont assigné en référé le géant de l'informatique.

Une audience a été fixée mercredi prochain à 10 heures, a annoncé samedi l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman, qui estime que la fonctionnalité "Google Suggest" avait abouti à "la création de ce qui est probablement le plus grand fichier juif de l'histoire". "Il répond de manière claire et objective à un souci malsain qui est de débusquer les juifs", ajoute-t-il.

"Le sentiment de l'omniprésence des juifs"

Disponible en France depuis 2008, "Google Suggest", ou la saisie semi-automatique permet de suggérer à l'internaute, quand il entre une requête dans la barre de recherche Google, d'autres demandes sur la foi notamment des requêtes faites par d'autres utilisateurs.

Dans leur assignation, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), J'accuse !, Action internationale pour la justice (AIPJ), SOS Racisme et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) s'insurgent contre ce phénomène.

"De très nombreux utilisateurs du premier moteur de recherche de France et du monde sont quotidiennement confrontés à l'association non sollicitée et quasi systématique du terme 'juif' avec les patronymes des personnes les plus en vue dans le monde de la politique, des médias ou des affaires", déplorent ces organisations qui ont fait le test en entrant le nom des candidats à la présidentielle. "Se trouve ainsi diffusé et amplifié, de la manière la plus visuellement  immédiate, le sentiment de l'omniprésence des juifs aux commandes de la France", poursuivent ces associations.

"Les données à caractère personnel"

D'un point de vue légal, les associations affirment que "Google Suggest" enfreint la loi réprimant la constitution de fichiers ethniques. Elles demandent donc au tribunal d'interdire à Google "de mettre ou de conserver en mémoire informatisée, sans le consentement exprès des intéressés, des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques" et de lui interdire "d'associer le mot 'juif' aux patronymes des personnes physiques figurant dans les requêtes des internautes".

Sur son site, Google dit exclure de sa saisie semi-automatique "une catégorie restreinte correspondant à des termes pornographiques, violents, incitant à la haine et liés à la violation de droits d'auteur". Mais pour Me Klugman, "si le propre du programme Google Suggest n'est pas idéologique, son utilisation l'est et les dégâts sont considérables".