Génériques : une pharmacie sanctionnée

Les médicaments génériques inspirent encore la méfiance à beaucoup de patients.
Les médicaments génériques inspirent encore la méfiance à beaucoup de patients. © MAXPPP
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Alcyone Wemaere, avec Anne Le Gall et AFP , modifié à
La Sécu l'a déconventionnée pour ne pas avoir délivré assez de génériques. Le débat est relancé.

"C'est injuste et de mauvaise foi". Jacqueline Girardeaux, co-gérante d'une pharmacie située à Airvault, dans la région de Niort, ne décolère pas : sa pharmacie s'est vue notifier en juillet par l'Assurance maladie qu'elle serait déconventionnée pour un mois. Mise en garde mi-2011, l'officine s'était vue assigner pour objectif de délivrer 60% de génériques pour la fin 2011. Elle n'a pu atteindre que 50%.

Trop peu pour la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) des Deux-Sèvres. "Le taux de distribution de médicaments génériques dans l'officine incriminée se situe de 30 à 50% alors que la majorité de la profession dans le département affiche des taux compris entre 75 et 80 %", a ainsi fait valoir Julien Bouchereau, responsable régulation-juridique de la CPAM locale au Courrier de l'Ouest.

"Une première en France métropolitaine"

Joint par Europe1, Frédéric Van Rockegem, le patron de la Caisse nationale d'assurance maladie n'hésite pas à parler quant à lui d'"une sanction exceptionnelle", une "première en France métropolitaine" et justifie : "c'est la pharmacie qui a les plus mauvais résultats du département. Dans le même village où exerce son collègue, ce dernier est à 80%".

La pharmacienne assure de son côté ne pas être contre les génériques mais souhaite "délivrer des génériques de qualité". Elle affirme aussi avoir fait son possible mais assure que de nombreux médecins prescrivent des médicaments "non substituables". Et la pharmacienne de dénoncer un cas pour l'exemple, elle entend faire appel auprès du Tribunal des affaires sanitaires et sociales.

Car la sanction pose de réels problèmes pour l'officine : la pharmacienne ne pourra pas appliquer aux clients le tiers-payant, dispensant les assurés sociaux de l'avance des frais. Sauf si elle embauche un pharmacien remplaçant, qui serait lui conventionné.

Le casse-tête des génériques

Plus globalement, les médicaments génériques inspirent encore la méfiance à beaucoup de patients, surtout âgés. Et l'Assurance maladie tente d'enrayer la baisse de leur consommation.

Après avoir atteint 79% en 2010, le taux de substitution des médicaments originaux stagnait autour de 72% en avril dernier. Une réticence alimentée par l'Académie nationale de médecine elle-même : en février, l'institution soulignait que le générique n'était "pas la copie conforme" de l'original.