Furosémide : la maladresse d'une patiente

C'est en fait la patiente qui avait malencontreusement inversé ses médicaments.
C'est en fait la patiente qui avait malencontreusement inversé ses médicaments.
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Thomas Morel , modifié à
INTERVIEW E1 - Pour le patron des laboratoires Teva, une mauvaise manipulation de la part d'une patiente est à l'origine de l'affaire.

L'info. Clap de fin pour l'affaire du Furosémide. Ce diurétique, soupçonné d'avoir été remplacé par un somnifère, entraînant la mort de  plusieurs personnes, n'était finalement pas en cause. Fin juin, déjà, le parquet de Paris avait classée sans suite l'affaire. Mardi soir, Erick Roche, le patron de Teva, a annoncé sur Europe 1 qu'il abandonnait lui aussi toute poursuite judiciaire. Selon ses explications, une erreur "de bonne foi" de la patiente serait la cause de toute cette affaire.

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Furosémide, 930*620

Ce qu'il s'est passé. Selon le rapport de gendarmerie, la responsable de toute cette affaire est la patiente. Cette femme, âgée de 76 ans, aurait elle-même, sans le faire exprès, repositionné un comprimé de somnifère dans l'emballage d'un autre médicament : le Furosémide. "C'est une vieille dame qui à l'habitude d'ouvrir ses boîtes à l'avance pour mettre les médicaments dans son pilulier. Quand elle en ouvre trop, elle les remet dans leur emballage, de façon consciencieuse, en refermant bien l'opercule en aluminium", a expliqué Erick Roche sur Europe 1. Résultat, le pharmacien qui avait délivré le médicament n'a pas pu se rendre compte de l'inversion malheureuse.

Pas de suites judiciaires. Mardi soir, Erick Roche a annoncé que  le laboratoire renonçait à toute suite judiciaire. "Tout le monde est de bonne, foi, il n'y a pas eu de volonté de nuire", s'est-il justifié. Cette déclaration marque la fin d'un feuilleton d'un mois, pendant lequel la justice, comme la direction de Teva, ont tenté en vain de comprendre le fin mot de l'affaire.

L'origine de l'affaire. Tout a commencé début juin, quand la patiente à l'origine de l'affaire se rend chez son pharmacien pour se plaindre de l'endormissement de son mari après avoir consommé du Furosémide. Le pharmacien examine la boîte et, après l'avoir ouverte, constate qu'une pilule de Zopiclone, un somnifère également fabriqué par le laboratoire Teva, se trouve à la place du diurétique. L'industriel est immédiatement prévenu, et relaye l'information auprès de l'Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM).

Le somnifère reste introuvable. Celle-ci ordonne le rappel immédiat des lots incriminés, et lance l'enquête. D'abord au sein de l'usine de Teva, qui sera passée au peigne fin pendant 48 heures par les inspecteurs de l'ANSM, sans que rien ne soit trouvé. Dans le même temps, le laboratoire fait travailler à plein temps ses équipes pour ouvrir toutes les boîtes de Furosémide suspectes : un travail de titan pour les salariés, qui se relayent toutes les 20 minutes pour ouvrir les boîtes et lire une à une les inscriptions sur chaque comprimé. Là encore, l'enquête fait chou blanc.

Pas de décès imputables. Pourtant, l'inquiétude grandit : plusieurs décès liés directement à cette affaire sont annoncés, d'abord à Marseille, puis à Toulon, Privas et Toulouse. La piste s'avère là aussi être une impasse : les autopsies ne révèlent aucune trace de somnifère. En fin de compte, même les analyses chimiques menées sur la première boîte s'avèreront négatives. La solution viendra finalement de la première patiente qui, en expliquant remettre les médicaments en trop dans leur emballage, fournira le fin mot de l'affaire : une bête erreur humaine, qui aura déclenché l'une des plus grandes paniques sanitaires du début d'année.