Fresnes, Fleury, Baumettes : les surveillants de prison sont à bout

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avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
BLOCAGES - Le fonctionnement de plusieurs dizaines d'établissements a été perturbé mardi matin. Les surveillants réclament 800 postes supplémentaires.

INFO. Ils avaient annoncé "un premier coup de semonce". La grogne des surveillants de prison a trouvé un nouvel écho mardi matin. A l'appel national de l'UFAP, le principal syndicat de la profession, plusieurs établissements pénitentiaires ont été perturbés mardi matin, en région parisienne, dans le sud-est et dans le Rhône. Principale revendication des "matons" : un renfort de leurs effectifs qu'ils estiment trop faibles. Europe 1 est partie à la rencontre de ces surveillants en colère mardi à Fresnes, dans le Val-de-Marne.

"Le choc moral plus dur que le choc physique". Sous la pluie, 150 surveillants se sont massés devant la grande entrée de la centrale pénitentiaire de Fresnes, bloquant ainsi l'établissement pendant près de deux heures mardi matin.  Ils se disent lassés de venir travailler la boule au ventre : 6 prises d'otages se sont produites dans les prisons françaises depuis début 2014 et les agressions du quotidien sont légion.

detenu, fresnes

Un des surveillants rencontré devant la prison raconte sa propre expérience, survenue il y a quelques semaines après une fouille dans la cellule d'un détenu. "C'était juste au moment de lui dire ce qui avait été trouvé et saisi, en l'occurrence des produits stupéfiants. Le détenu ne l'a pas accepté et cela a dégénéré quand il a m'a bousculé et attrapé", raconte le gardien au micro d'Europe 1. "Après cela on appréhende. Quand il y a une fouille à faire, on y repense quand même. Le choc moral et mental est encore plus dur parfois que le choc physique".

Ils demandent 800 postes supplémentaires. l'UFAP, le principal syndicat de surveillant pointe un manque d'effectifs et demande 800 postes supplémentaires. "On peut, au mieux, faire de la garde mais pas de missions de réinsertion", glisse un autre surveillant. Un mouvement de colère qui  à Fresnes est rentré de l'ordre peu après 8 heures : les surveillants n'ont en effet pas le droit de grève et on été rappelés par le directeur de la prison et avaient repris le chemin du travail.

Gaz lacrymo à Fleury-Merogis. A Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, une centaine de surveillants ont également brièvement bloqué leur établissement. Regroupés vers 6 heures devant l'entrée des véhicules, ils visaient notamment à bloquer les extractions judiciaires. Ils en ont été délogés une heure plus tard par les forces de l'ordre, qui ont utilisé du gaz lacrymogène. Ils se sont ensuite déplacés devant l'entrée du public, où ils manifestaient toujours vers 7H30, mais prévoyaient de ne bloquer que les parloirs des avocats, laissant les familles rendre visite aux détenus.

Des prisons perturbées dans le sud-est, les Baumettes bloquées Dans le sud-est de la France, une dizaine d'établissements ont été perturbés et la prison des Baumettes à Marseille a été paralysée jusqu'à 8h30 environ. Les blocages, qui ont commencé vers 6 heures, étaient toujours en cours à la prison de Luynes à Aix-en-Provence peu après 8 heures, tandis que les agents ont été délogés par les forces de l'ordre aux Baumettes vers 8H30.

Blocage de deux prisons du Rhône. Dans le Rhône, l'entrée des maisons d'arrêt de Villefranche-sur-Saône ont brièvement été entravées. A Villefranche-sur-Saône, une quarantaine de surveillants ont incendié plusieurs rangées de pneus dès 6h30 devant l'entrée de la prison et l'accès des parkings avant d'être repoussés dans le calme par une vingtaine de CRS. Ils se sont ensuite regroupés devant la porte de l'établissement, bloquée par des radiateurs, des chaises et un matelas pour filtrer l'entrée des personnels, où ils étaient toujours peu avant 9 heures.

 A la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, une soixantaine de surveillants ont bloqué dès 6h30 les accès véhicules et piétons de l'établissement et incendié des pneus, selon la préfecture. Les pompiers sont intervenus vers 8 heures et les manifestants ont été délogés peu après par les CRS. Peu avant 9H00, ils filtraient toujours les entrées mais prévoyaient de laisser passer les familles pour les parloirs.

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