Faux avis de disparition : les intermittents suspectés

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Noémi Marois , modifié à
SPECTACLE -

Ils ont fleuri dans quelques villes de France et concernent tous des intermittents du spectacle.

"DISPARU le 10 septembre 2014, Loïc Boileau, 26 ans, 1m80, yeux bleus, cheveux bruns, musicien, aperçu pour la dernière fois à Rouen (76)". Un numéro de téléphone et la photo d’un homme souriant accompagne l’annonce. Voilà ce que les Rouennais ont pu découvrir  depuis le 10 septembre sur des affiches placardées dans leur ville. D’autres  avis du même genre ont été publiés dans plusieurs villes de France. Mais inutile de s’affoler. La police qui a commencé à enquêter a découvert le pot-aux-roses : ils sont faux. Les "disparus" étant tous du milieu du spectacle, les regards se portent sur les intermittents, qui ont repris le 1er octobre leur mouvement de protestation contre la réforme de leur assurance chômage.

Guitariste, administratrice, régisseur. Julien Bento a disparu à Poitiers, Mickael Arnould à Niort, Olivia Demaro à Lesquin… leur point commun ? Avoir une profession en lien avec le monde du spectacle. Les villes de La Rochelle, Bondy, Aurillac, Annonay, Angoulême et Nouilly ont également été touchées. Le format identique des avis et l’unique numéro de téléphone qu’on y trouve fait pencher vers l’hypothèse du canular.

Poitiers enquête. Le parquet de Poitiers a décidé de lancer une enquête sur le "disparu" local, Julien Bento, et les premiers résultats sont sans appel : c’est bien un canular. L’homme n’apparaît dans aucun fichier de la police ou de la gendarmerie et ne fait l’objet d’aucune recherche à l’échelle nationale. 

L’enquête va désormais se poursuivre pour en savoir plus sur la personne à l’origine des affiches ainsi que sur les faux disparus. Selon Le Parisien, la ligne téléphonique appartiendrait à un homme, vivant dans l'est de la France.

"Bonjour, vous êtes bien sur le portable d’Amélie". Toutes les affichettes  invitent à composer le même numéro de téléphone. Europe 1 a tenté sa chance mais est tombé sur la messagerie d’une certaine Amélie qui n’a pas donné suite à notre message. 

Canular. À Niort, un colleur d’affiches a été interpellé la semaine dernière mais a refusé de lever le mystère. Il a juste indiqué que tout prendrait fin dans une dizaine de jours. Une source proche du milieu des intermittents a révélé mardi 7 octobre à La Voix du Nord qu’il s’agissait bien d’un canular monté par la profession mais que cela ne serait pas révélé tout de suite. Histoire que la sauce prenne. 

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Les syndicats ébaubis. "Ce n’est pas une initiative de la CGT, sinon, nous l’aurions fait savoir", a expliqué à La Nouvelle République Sébastien Coutant, délégué syndical du Poitou-Charentes. Mais il sait qu’il "y a des initiatives qui sont prises en ce moment" dans sa région. Du côté de la Coordination intermittents-précaires d’Île-de-France (CIP-IDF), même réaction. "Je tombe des nues", a avoué Laura Paillier, un de ses membres, au Parisien. "Peut-être que ce sont des intermittents disposant de leur propre réseau, mais ce n’est pas une action de notre collectif", a-t-elle ajouté.

Le Syndicat français des artistes interprètes, contacté par Europe 1, s’est également dit aussi ne pas être courant de cette action.

Familles de vrais disparus scandalisées. Le canular n’en est pas un pour tout le monde. Les familles de vrais disparus craignent que si le phénomène se répand, les avis de recherche soient banalisés et n’attirent plus l’attention des passants dans la rue. 

Il existe en effet une procédure officielle en cas de "disparition préoccupante" d’un proche. C’est à partir de la plainte d’une famille qu’une enquête administrative et judiciaire est lancée. L’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) centralise alors les recherches et le disparu est inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR).

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