Faut-il renforcer l'enseignement du fait religieux à l'école ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
POLÉMIQUE - Les deux sénateurs Esther Benbassa et Jean-René Lecerf plaident pour des cours dès la primaire. 

A peine dévoilé, le rapport fait déjà couler beaucoup d'encre. La sénatrice EELV Esther Benbassa et son collègue de l'UMP Jean-René Lecerf préconisent plusieurs mesures pour renforcer la lutte contre les discriminations. Parmi elles, deux propositions sont particulièrement controversées : le renforcement de l'enseignement du fait religieux à l'école et la mise en place de statistiques ethniques. Le texte a été adopté mercredi par la commission des lois du Sénat. 

• Renforcer l'enseignement du fait religieux à l'école

Le rapport préconise de renforcer l'enseignement du fait religieux à l'école. Une proposition qui, une fois n'est pas coutume, a donné lieu à de rudes débats au Sénat. Aujourd'hui, l'enseignement du fait religieux est inscrit dans les programmes de sixième et de cinquième.

Dès le primaire. Les deux sénateurs proposent que le fait religieux soit enseigné dès l'école primaire. "On n'enseignera pas la spiritualité en tant que tel, l'idée, c'est d'apprendre aux enfants quels sont les grands courants religieux, les grands livres, etc", a expliqué la sénatrice écologiste, invitée d'Europe 1 midi.

"Un besoin de savoir religieux". Esther Benbassa, par ailleurs membre d'une commission d'enquête sur le djihadisme, estime "qu'il y a un besoin de savoir religieux" dans notre pays. "Il faut former les enseignants pour répondre à ces questions et commencer des l'école plutôt que les jeunes apprennent la religion via Internet", insiste la sénatrice.

Une atteinte à la laïcité ? Sur Europe 1, des auditeurs ont fait part de leur inquiétude quant à une atteinte à la laïcité. "La laïcité décrétée en 1905, c'est le respect de toutes les confessions tant qu'elle n'empiète pas sur l'espace public", leur a répondu Esther Benbassa.

• L'autorisation de statistiques ethniques

Les deux sénateurs proposent que, lors d'un recensement, "tous les cinq ans, une question sur le pays de naissance des ascendants et la nationalité antérieure" soit posée, afin de mieux mesurer l'ampleur des discriminations. "Cela permettrait, par exemple, à ces employeurs qui ont embauché 99 % de Blancs, de se rendre compte qu'il y a 15 % de Maghrébins dans leur bassin d'emploi", assure au Figaro le parlementaire Jean-René Lecerf, qui se dit même "d'accord pour aller au-delà, dès lors que cela ne débouche pas sur un fichage ethnique".

• Des carrés musulmans dans les cimetières

Enfin, les parlementaires recommandent de développer les carrés musulmans dans les cimetières. Aujourd'hui, "80 % de nos compatriotes musulmans font en sorte que leur dépouille mortelle soit renvoyée dans leur pays d'origine, pour qu'ils soient enterrés selon les rites de leur religion", indique Jean-René Lecerf.